jeudi 31 décembre 2015

Déchéance de nationalité : une affaire de génération ?

Le projet de déchéance de la nationalité applicable aux terroristes binationaux provoque un grand émoi au sein du Parti socialiste. On se demande bien pourquoi vu la minceur numérique du sujet. Non seulement les terroristes ne sont pas tous binationaux, mais la plupart de ceux qu’on attrape ont été déchiquetés par leurs propres bombes ou par les balles des policiers. Difficile de les condamner à quoi que ce soit dans ces conditions.

Et qui donc réclame que les terroristes puissent rester français ? Les têtes les plus citées sont Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault, nés tous deux en 1950. Deux purs baby-boomers qui ont tâté du pouvoir, n’y ont pas fait merveille et se cantonnent depuis lors aux rôles de grincheux.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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samedi 26 décembre 2015

Cécile Duflot, de l'écologisme au générationnisme ?

Coup de griffe de l'écologiste Cécile Duflot au secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, dimanche dernier sur Europe 1 : "Je ne sais pas en quelle année M. Le Guen est né, mais il est sans doute assez révélateur d'une génération qui n'a jamais eu de problème pour trouver du travail". En fait, M. Le Guen est né en 1953 ; c'est donc un baby-boomer. Mme Duflot, elle, est née en 1975.

Peu à peu, le paysage politique bouge : on s'aperçoit qu'aux critères politiques (droite/gauche) et sociaux (pauvres/riches) traditionnels se superposent des critères de génération. Et que si les hauts personnages qui nous gouvernent sont attachés à la dichotomie gauche/droite, cela pourrait bien servir à dissimuler qu'ils appartiennent pour la plupart à notre génération, celle du baby-boom, qui aura longtemps exploité les suivantes.

jeudi 24 décembre 2015

Les seniors sont un marché ? On ne marche pas !

Dans l’excellent bulletin quotidien en ligne suisse Largeur.com, Robert Gloy interroge Florian Kohlbacher, professeur de marketing en Chine. Ce spécialiste du marché des seniors à travers le monde rappelle que notre génération a bien vécu, sans avoir à s’inquiéter pour sa survie. « Les baby-boomers sont habitués à partir en vacances, à avoir du temps libre et à vivre dans une certaine prospérité », souligne Florian Kohlbacher.

Les seniors forment un marché, mais ils n’aiment pas ça. « Les entreprises doivent éviter de qualifier des produits et services comme étant ‘pour les seniors’ car cela peut repousser les clients », note le professeur. Peut-être faudrait-il en explorer davantage les raisons. Nous ne voulons pas voir que nous vieillissons : serait-ce pour ne pas voir que le monde change ? Vivre dans l’illusion que l’après-guerre de notre jeunesse est encore là pourrait bien être un moyen de fuir nos responsabilités. Et de nous aveugler sur les difficultés de nos enfants.

Le chapitre 2 de mon livre est entièrement consacré au déni de vieillissement dans notre génération. Nous sommes massivement atteints du syndrome de Peter Pan. « Le vieillisme ne passera pas » est le slogan implicite de nos vieux jours.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !
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lundi 21 décembre 2015

Baby-boomers et islam de France

Farid Abdelkrim est devenu humoriste après avoir été islamiste. Il n’a pas seulement observé la radicalisation de jeunes musulmans en France, il en a été un acteur, chargé du recrutement local des Frères musulmans. C’est donc un expert en la matière.

« Ça fait 25 ans que l’État français essayer d’organiser l’islam sur son territoire. Ça ne marche pas », assure-t-il. Lui-même raconte avoir polémiqué avec Nicolas Sarkozy au moment de la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) en 2003. Encore une création de notre génération qui s’est avérée inefficace, si ce n’est contre-productive.

Et l’on voit bien que le clivage n’est ni politique, ni religieux : il est générationnel. Comme je le dis dans Ils viendront cracher sur nos tombes, notre génération, aveuglée par les concepts de sa jeunesse, est incapable de comprendre l’islamisme. Quand François Hollande s’attache à faire durer cette institution, il agit en politicien baby-boomer.

vendredi 18 décembre 2015

Pauvres ou aisés, il n’y en a que pour les baby-boomers

Dans son dernier éditorial de La Dépêche, Dominique Delpiroux évoque « les enfants du baby-boom, qui sont nés juste après la guerre, qui ont connu le plein-emploi, qui sont partis à la retraite encore jeunes, parfois à 55 ans, et qui bénéficient aujourd'hui d'une médecine performante et accessible à tous grâce à la sécurité sociale ». Et il ajoute : « Que ceux-là soient heureux, cela ne nous étonne guère : ils ont savouré la meilleure tranche du XXe siècle. »

Ceux-là ? L’écrivain pousse un peu le bouchon : né en 1956, il est des nôtres ! C’est un baby-boomer comme les autres ! Et quand il décrit « l’envers du décor », c’est pour parler des vieux malades et pauvres, des « solitudes terribles pour les isolés du grand âge ». Pas un mot des plus jeunes. Les seniors pauvres sont au fond un moyen de s’apitoyer sur les seniors…

Oui, certains baby-boomers sont beaucoup mieux lotis que d’autres. Nous ne savons même pas pratiquer la solidarité intragénérationnelle. Alors, quant à la solidarité intergénérationnelle, les jeunes peuvent toujours se brosser.

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samedi 12 décembre 2015

Le Bras et le Front

Hervé Le Bras, démographe pré-baby-boomer (il est né en 1943), a tenté d’expliquer à Notre Temps le résultat du premier tour des élections régionales. Il concentre son analyse sur le vote Front national. Et manifestement, il n’y comprend pas grand chose. On lit chez maints commentateurs que le Front national fait un tabac chez les électeurs les moins éduqués ? Hervé Le Bras assure en fait que sa progression est « liée au niveau d'éducation des Français qui a énormément progressé ces vingt dernières années « . Zut alors, avons-nous trop bien éduqué nos enfants ? 

En tout cas, note le démographe, les vieux votent bien plus que les jeunes : 70 % chez les retraités contre 24 % chez les moins de 25 ans. Mais ce n’est pas ce qui explique l’importance du Front national puisque les retraités « sont modérément attirés par ce parti ». Pourquoi ne sont-ils que 19 % à avoir voté FN au premier tour ? Parce qu’« ils souhaitent plutôt que la situation ne change pas trop, or, le vote Front national, c’est la promesse de turbulences ».

Eh ! oui, si les vieux ne veulent pas que ça change, c’est sûrement que la situation actuelle leur convient. Une situation actuelle exempte de turbulences, bien entendu. Quoique… Avons-nous bien entendu l’autre jour le président de la République dire que « la France est en guerre » ? Ça n’est pas une turbulence, ça ? Et les attentats commis l’avant-veille, 130 morts et 300 blessés, ça n’était pas une turbulence non plus ? Il est vrai qu’il n’y avait pas beaucoup de sexagénaires au Bataclan, alors tout est bien…

jeudi 10 décembre 2015

Vingt ans de préparatifs islamistes

Tour à tour, Mediapart, Le Figaro et quelques autres ont braqué le projecteur sur l’émir Addelilah Ziyad, l’homme qui a inspiré Omar Mostefaï, l’un des assassins du Bataclan. Organisateur d’un attentat à Marrakech en 1994, il a été condamné à huit ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris en 1997.

Ainsi, notre génération a fait son devoir en mettant sous les verrous un islamiste dangereux ? Sauf qu’il a été libéré dès 2001, du temps d’une ministre de la Justice baby-boomeuse, Marylise Lebranchu. « Les cartes des attentats de novembre 2015 sont sur la table depuis plus de vingt ans », assurent les avocats des terroristes de Marrakech, cités par Le Figaro. Plus de vingt ans, et qu’avons-nous fait pendant ce temps-là ?

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mercredi 9 décembre 2015

La publicité vient cracher sur nos bagnoles

D’accord, nous, baby-boomers, nous sommes les rois de la pub’ en milieu de journée. Avant et après les journaux de 13h00, ce ne sont que publicités pour des contrats obsèques, des aides auditives, des monte-escalier… Pas réjouissant, mais au moins on voit qui sont les rois de la piste.

Hélas, à d’autres moments, la publicité commence vraiment à nous manquer de respect. Voyez celle pour l’Opel Astra : un jeune couple fait la nique à un vieux couple – les parents de mademoiselle. Et les sexagénaires n’ont vraiment pas le beau rôle, ils sourient jaune tout en grinçant : « Quel petit morveux ! Quel snob ! »

Ça n’est qu’une pub, oui, mais voyez-y un poisson-pilote : si elle fonctionne bien, vous pouvez être certain que ce genre d’agression va se multiplier. Nous allons devenir les personnages grotesques de la société de consommation.

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lundi 7 décembre 2015

La France en pointe dans la course aux inégalités entre retraités d’aujourd’hui et de demain

Nos jeunes souffriront quand ils seront vieux : c’est en substance ce que dit l’Office de coopération et de développement économique (OCDE) dans son Panorama des pensions 2015, paru le 1er décembre. Un panorama pas gai : « la générosité des droits à pension devrait fortement diminuer pour les générations futures et de nombreux pays pourraient être confrontés à un risque sérieux de pauvreté parmi ses retraités », note l’OCDE.

Les retraites ne seront pas seulement plus maigres. Dans bien des cas, elles seront plus tardives : 67 ans souvent, et bientôt 70 ans au Royaume-Uni, en Italie, au Danemark, etc.

Si leurs perspectives sont mauvaises, au moins, est-ce que nos enfants se gavent aujourd’hui ? Pas en France, en tout cas : en 2014, le revenu moyen des Français de plus de 65 ans, retraités donc, était égal au revenu moyen tous âges confondus, c’est-à-dire que les retraités avaient autant d’argent que les gens qui travaillaient. Mais pas les mêmes besoins, évidemment… Luxembourg mis à part (mais c’est quand même un cas particulier), aucun autre pays de l’OCDE n’assurait à ses vieux un régime aussi privilégié.

vendredi 4 décembre 2015

Trente ans d’incurie baby-boomeuse

« Comment être certains que nous saurons tirer de l’expérience de quoi remettre en cause trente ans d’incurie », demandait Natacha Polony, sans prendre de gants, dans Le Figaro du 21 novembre. En cause : les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis et les mesures prises ensuite par le gouvernement.

Ce qui se passe est tout de même extraordinaire : pendant toute notre vie adulte, c’est-à-dire depuis quarante à cinquante ans, nous avons très majoritairement revendiqué une France ouverte, accueillante, généreuse. Et tout à coup nous nous découvrons que ces bons sentiments sont peut-être à l’origine de la mort de nos enfants, par dizaines, au Bataclan et ailleurs.
Plus extraordinaire encore : un gouvernement socialiste prend soudain des mesures que seul le Front national réclamait auparavant, et au lieu de s’effondrer dans les sondages, il progresse ! Sans que le Front national régresse, d’ailleurs.

Alors, « comment être certains que nous saurons »… que nous saurons quoi que ce soit, en fait ? Ce ne sont pas seulement trente ans d’incurie qui sont remis en cause, ce sont toutes les idées auxquelles nous avons cru pendant des décennies. Nous pouvons déjà cracher sur leur fosse commune.

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lundi 30 novembre 2015

Les baby-boomers vont-ils se rattraper aux branches avec la COP21 ?

Pourquoi la COP est-elle 21 ? Parce qu’il y en a déjà eu vingt autres, à raison d’une par an. La France en a toujours été l’un des grands participants, bien entendu. Notre génération a donc prouvé qu’elle se souciait de l’avenir climatique de ses enfants. Mais plus encore, elle a prouvé sa ridicule inefficacité : depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 45 %.

Bien entendu, nous pouvons alléguer plein de raisons plausibles. Mais en la matière, seul le résultat compte : nous n’avons pas pris les moyens de nos bonnes intentions. Pour la COP21, ceux qui tiennent la barre sont encore des membres du baby-boom : François Hollande, Laurent Fabius, Ségolène Royal… On fait des paris sur le résultat ?

mercredi 25 novembre 2015

Seniors en expansion : un oxymore

Le site Senior Actu revient sur l’étude effectuée par Seniorsphère Conseil auprès des baby-boomers voici quelques mois. « Le marché des seniors, et notamment celui des baby-boomers, est en pleine expansion », note le site. Rien que cela devrait être un sujet de scandale : par nature, la vieillesse n’est pas une période d’expansion (« D’ailleurs, d’une manière générale, en vieillissant, la consommation diminue… », constate Senior Actu un peu plus bas). Si notre marché est en expansion, c’est forcément, quelque part, que nous suçons le sang des jeunes.

« Le fait est que c’est cette génération qui a construit la société de consommation dans la quelle nous vivons actuellement », insiste Senior Actu : avons-nous vraiment lieu de nous en vanter ? L’expansion du marché des baby-boomers, soulignée aussi par le Cercle des épargnants voici quelques jours, est une bonne nouvelle pour les entreprises qui l’exploitent, bien sûr. Mais il vaudrait mieux ne pas trop la souligner auprès des jeunes générations priées de cracher au bassinet pour nourrir cette frénésie consommatrice.

dimanche 22 novembre 2015

Les jeunes entrepreneurs font mieux que les vieux

L’étude 2016 de BNP Paribas et Scorpio Partnership sur la création d’entreprise n’est pas très brillante pour la France. Mais elle l’est encore moins pour les baby-boomers. Intitulée L’Émergence du « millénipreneur », elle montre que les « millénipreneurs », entrepreneurs de moins de 35 ans issus de la « génération Y » née entre 1980 et 1995, font bien mieux que leurs aînés. Ce sont même des « serial entrepreneurs » qui ont créé en moyenne 7,7 entreprises, contre 3,5 pour les entrepreneurs baby-boomers. Ils réalisent un chiffre d’affaires supérieur de 43 %.

Et c’est tant mieux : peut-être pourront-ils ainsi nous payer des retraites pour lesquelles nous n’avons pas assez fait.

jeudi 19 novembre 2015

Des attentats en préparation depuis trente ans

Les morts du Bataclan sont surtout des jeunes. L'horrible tragédie parisienne n’est pas seulement un effet pervers de la guerre en Syrie. Les terroristes islamiques ne s’en seraient pas pris à la France si la France n’avait pas été pour eux un terrain de connaissance. De fait, le djihad recrute en France au sein d’une jeunesse musulmane qui ne se sent pas à l’aise dans le pays. Leurs parents ou leurs grands-parents sont arrivés en France pour travailler, puis les frustrations se sont accumulées. « Français » est écrit sur leur carte d’identité mais pas dans leur cœur.

Et pas dans le nôtre non plus. Aussi favorable à l’immigration que notre génération ait été sur le papier (voir mon livre p. 122 et suivantes), elle n’a pas su intégrer les immigrés ni les convaincre de s’assimiler. Peut-être ne tenaient-ils pas à nous ressembler – et comment le leur reprocher ? En tout cas, nous n’avons ni trouvé, ni vraiment cherché les moyens d’éviter la montée d’immenses déconvenues et le creusement d’une fracture massive.

Que la solution soit de combler cette fracture ou de l’accomplir pour de bon, elle incombera aux générations suivantes. Nous baby-boomers ne pourrons que contempler avec consternation les conséquences de notre incurie. 

samedi 14 novembre 2015

Vian et les vieux

Le titre de ce blog et du livre qui va avec (Ils viendront cracher sur nos tombes, Paris, Chapitre.com, 2015) doit évidemment quelque chose à J’irai cracher sur vos tombes, le polar publié en 1946 sous la signature de Vernon Sullivan, alias Boris Vian. Il y a là plus qu’un simple jeu de titres. Les failles éducatives qui ont fait de nous, baby-boomers, une génération irresponsable ne sont nulle part aussi visibles que chez Boris Vian.

Le narrateur de J’irai cracher sur nos tombes, Lee Anderson, est un blond à la peau claire, mais il se considère comme un noir parce qu’il a un huitième de sang noir. Il a quitté une ville du Sud américain où son jeune frère a été lynché pour avoir fréquenté une blanche. Il ne vit que pour le venger et assassinera dans des conditions atroces les deux plus jolies blanches qu’il ait pu trouver, Jean et Lou Asquith. Mauvaise conscience, racisme à l’envers, haine de soi et des autres, identité mal assurée : les thèmes sociaux qui empoisonnent le début du 21e siècle et qui auront taraudé une partie de notre génération étaient en germe dans ce livre que beaucoup de nos parents ont lu (J’irai cracher sur vos tombes a été un grand succès de librairie en 1947).

Comme l’immense majorité d’entre eux, Boris Vian avait quelque chose à se faire pardonner. À 22 ans, à la fin de ses études d’ingénieur, il était entré à l’Afnor à peu près au moment où le régime de Vichy la déclarait d’utilité publique. Tandis que les tout meilleurs de sa génération s’engageaient dans la Résistance, il consacrait ses loisirs à jouer du jazz dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. Le Déserteur pourrait bien être une tentative d’exorcisme de ses remords ! Boris Vian n’a pas montré plus de courage lors des poursuites contre J’irai cracher sur vos tombes ; il s’est même empressé de bricoler un « manuscrit original » en anglais pour accréditer l’existence d’un vrai Vernon Sullivan qui n’aurait pas été son pseudonyme.

Boris Vian est mort en 1959 avant que notre génération ne puisse apprécier ses nombreux ouvrages. Mais nous l’avons amplement redécouvert quand nous avons été en âge : L’Écume des jours, L’Arrache-cœur, L’Herbe rouge sont devenus des best-sellers à retardement dans les années 1960 et 1970. Nous y avons trouvé une petite musique qui nous parlait, un écho de notre enfance, nous nous y sommes reconnus. Qu’on les relise aujourd’hui : ces œuvres attachantes racontaient en fait un monde à la dérive, prisonnier de ses illusions, aussi brisé que le vase de Sully Prudhomme, notre monde à nous. J’irai cracher sur vos tombes finit mal. Nous aussi.

jeudi 12 novembre 2015

Ils salivent déjà sur nos tombes

Il y a quand même des gens qui ne viendront pas cracher sur nos tombes, tout au contraire. « L’arrivée du papy boom fait saliver les pompes funèbres », écrit allègrement Noémi Marois sur le site d’Europe 1. Cinquante mille décès de plus par an dans cinq ans, évidemment, ça ouvre des perspectives.


Le secteur du funéraire, qui pèse déjà 2,5 milliards d’euros par an, est promis à une expansion rapide. Enfin un secteur en bonne santé ! Croient-ils vraiment que nous allons nous réjouir de contribuer à leur prospérité par notre disparition ?

mardi 10 novembre 2015

Diminuer la retraite des vieux pour augmenter l’épargne des jeunes

Le Point titre sur « la baisse inexorable des retraites ». Ça commence à se savoir : les réformes de ces dernières années avaient beau annoncer un retour à l’équilibre, les recettes des caisses retraites augmentent moins vite que notre espérance de vie n’allonge. En l’état , le trou va se creuser jusqu’en 2030. Autrement dit, ne nous bouchons pas les yeux, jusqu’au moment où nous, baby-boomers, nous aurons débarrassé le plancher.

On dirait que ça fait l’affaire des vendeurs de produits financiers. « Les Français doivent financièrement anticiper leur retraite en commençant le plus tôt possible à se constituer une épargne individuelle », écrit Le Point. Mais avec quel argent nos enfants vont-ils se constituer cette épargne ? Oh ! ils ne tarderont pas à trouver une idée simple : diminuer nos retraites. 

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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samedi 7 novembre 2015

Ils viendront cracher dans notre soupe

On peut dire que le robot ménager ChefCuisine a bien réussi son entrée en scène : cette machine à terminer chez soi des plats gastronomiques sous vide a obtenu en un rien de temps de nombreuses parutions dans la presse, qui le présente parfois comme « le Nespresso du plat préparé ».


À l’origine de l’engin, deux quadragénaires : le Suisse Jonathan Pennella, ancien de chez Nestlé, et l’une des plus célèbres cuisinières françaises, Anne-Sophie Pic, patronne de la Maison Pic à Valence, trois macarons au Michelin, s’il vous plaît ! Jonathan Pennella assure avoir eu l’idée de l’engin après avoir constaté qu’il n’y a eu « aucune innovation majeure depuis dix ans » dans le domaine du matériel culinaire. Les baby-boomers sont peut-être fines gueules, mais les grandes innovations, les Seb et les Tefal, appartiennent à la génération d’avant. Nous n’avons pas montré beaucoup d’imagination électro-ménagère.

jeudi 5 novembre 2015

Sexagénaire, ça commence comme sexe et ça finit comme missionnaire

Annie Duperey, dans Voici, incite les sexagénaires à faire des galipettes. « Ce n’est pas le moment de remiser les outils au grenier », enjoint-elle. « On va tenter de s’en souvenir » commente Voici, qui souffre peut-être d’un alzheimer précoce.


L’actrice déplore que les scénaristes d’Une famille formidable, sur TF1, lui imposent « une chasteté progressive ». Son partenaire à l’écran, Bernard Le Coq, ne commente pas. Il préfère positiver en se réjouissant d’être suivi par « un noyau dur de spectateurs ». Ne reste-t-il de dur que le noyau ?

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mardi 3 novembre 2015

Des magazines pour baby-boomers plein les kiosques

Il y avait déjà Notre temps, Pleine vie, Senior plus, Vivre plus, Nouvelle vie magazine et quelques autres, sans parler de titres au lectorat chenu comme Le Pèlerin magazine, Burda magazine ou La Veillée des chaumières, voilà que le groupe Prisma lance Serengo pour les femmes retraitées : la ménagère de plus de 60 ans est très tendance de nos jours.

Tendance et jeune : « Vous serez vieux plus tard », assure le premier numéro (…mais que ça ne vous empêche pas d’acheter aujourd’hui, pense sans doute l’éditeur). Le marché de la presse marche sur deux jambes : les lecteurs et les annonceurs. Les deux doivent être là pour qu’un journal vive. Et il n’y a d’annonceurs que s’il y a de l’argent chez les lecteurs. La prospérité actuelle de la presse pour les nouveaux vieux révèle à quel point notre génération a les poches pleines.

Les jeunes journalistes publient désormais leurs articles à côté d’annonces pour des aides auditives ou des conventions obsèques. Pas sûr que ça les enthousiasme.

dimanche 1 novembre 2015

Quand les baby-boomers sont au pouvoir, le Front national monte

« Quand la gauche est au pouvoir, le Front national monte », avait dit Nicolas Sarkozy le 24 mars dernier sur RTL. Après d’autres, Laurent Fabius lui a répondu dimanche dernier dans Le Supplément sur Canal+ en soupçonnant un « alzheimer précoce » chez l’ancien chef de l’État. Car la leçon des trente dernières années est que le Front national progresse aussi bien quand le pouvoir est à droite que quand il est à gauche (ce que le FN lui-même confirmait implicitement en globalisant gauche et droite sous l’appellation « UMPS »).

Cette passe d’armes plutôt stérile entre baby-boomers (nés respectivement en 1946 et 1955) révèle surtout une chose : pendant toute la période où notre génération soixante-huitarde a occupé le champ politique, le Front national exécré par elle a gagné du terrain !

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samedi 31 octobre 2015

Un toit plus sûr pour les vieux

Depuis longtemps, une loi protégeait les vieux locataires : pour éjecter un locataire âgé de plus de 70 ans, si ses revenus étaient inférieurs à 1,5 fois le SMIC, il fallait lui proposer un logement équivalent. La loi ALUR a changé cela l’an dernier : le seuil de protection a été abaissé à 65 ans. Autrement dit, notre génération, au moment de quitter le pouvoir, s’est débrouillée pour élargir la garantie dont elle allait bénéficier…

jeudi 29 octobre 2015

Dix ans après Clichy-sous-Bois

Toute la presse bruit ces jours-ci du dixième anniversaire des émeutes de Clichy-sous-Bois et d’ailleurs, déclenchées par la mort de Zyed et Bouna, deux ados électrocutés alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police. Notre génération humaniste, nourrie des idées de mai 68, s’était émue de la situation. Pourquoi des émeutes ? Pour des raisons sociales : les habitants des quartiers émeutiers étaient pauvres. Et puis ces quartiers étaient moches. 

On allait arranger ça. Jean-Louis Borloo, ministre de la Ville (et né en 1951), avait lancé l’énorme programme national de rénovation urbaine, avec plus de 45 milliards d’euros de dépenses au profit des « quartiers » en dix ans.

Mais au bout de ces dix ans, on a le sentiment d’un tonneau des Danaïdes : les « quartiers » restent en crise, le mécontentement y bouillonne, la délinquance s’étend… sauf là où les islamistes font régner l’ordre. L’apartheid y règne, assure Manuel Valls (né en 1962). En claquant ces milliards, notre génération a peut-être fait preuve de générosité, mais sûrement pas d’efficacité.

mardi 27 octobre 2015

L’épargne est une côte pentue pour nos enfants

« La génération X a toute une côte à remonter si elle veut combler l’écart de richesse qui la sépare des baby-boomers », écrit Gérard Bérubé dans le journal canadien Le Devoir. Sa remarque concerne la génération X américaine. Mais la métaphore de la côte à remonter rejoint à merveille les premières lignes de mon livre, Ils viendront cracher sur nos tombes :
La France est en panne. Le cycle économique ne repart pas. Un cycle pourtant, ça roule ? Ah ! ça, ça dépend de qui pédale et qui tient le guidon. Le guidon, c’est nous, la génération du baby-boom. Nous n’avons jamais été très bons pour pédaler. Nous finissons en roue libre. Nous avons vécu sur l’élan donné par nos parents, puis nous avons dévalé la pente. Mais nous voilà en bas et nous comptons sur d’autres pour pédaler dans la remontée.
« À leur cycle de vie actuel, les X ont un avoir net inférieur de 20 % à ce qu’il était pour les boomers à la même étape de leur vie, 20 ans plus tôt », note Le Devoir, citant une étude de JP Morgan Asset Management. La situation n’est probablement pas meilleure pour la France. Mais soyons optimistes, cette inégalité générationnelle a aussi un bon côté : l’amélioration de la situation de nos enfants n’en sera que plus spectaculaire le jour où nous casserons notre pipe. Peut-être viendront-ils danser sur nos tombes, après tout ?

Mais pas d’enthousiasme hâtif : l’État, que nous avons fait grossir sans cesse, récupérera sûrement une bonne partie de leur héritage.

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samedi 24 octobre 2015

Requiem pour nos diesels

On connaît la pub : deux frères chez un notaire, leur père lègue à l’un ses richesses, à l’autre sa Volkswagen, et c’est le premier qui se sent lésé ! Mais la scène relève sans doute d’un passé révolu si la VW de l’histoire est une diesel…

Depuis vingt-cinq ans, nous nous sommes gavés de diesel. Le diesel ne représentait qu’un tiers des ventes d’automobiles en 1990. Nous avons porté la proportion à 77,3 % en 2008. Elle est retombée à 68 % en 2014 : on est tenté d’expliquer ce recul par l’arrivée d’acheteurs plus jeunes… Et nous découvrons d’un coup que nous avons fait fausse route. Même sans tricher sur les logiciels, le diesel est autrement plus polluant que l’essence.

En 2009, nous avons imposé l’installation de filtres à particules sur les voitures neuves : les jeunes automobilistes paient désormais plus cher pour ménager nos vieux poumons. Mais plus de six diesels sur dix actuellement en circulation sont antérieurs à 2009, achetés pour l’essentiel par des baby-boomers… Et nos enfants seront bien embêtés quand le notaire leur annoncera qu'ils en héritent.

jeudi 22 octobre 2015

Ouf ! les retraites complémentaires sont (peut-être) sauvées

Les partenaires sociaux se sont mis d’accord sur l’avenir des retraites complémentaires (sauf la CGT et FO, tout de même). Soulagement dans les chaumières : les caisses de retraites ne vont peut-être pas déposer le bilan.

En termes générationnels, que signifie cet accord ? Que les baby-boomers n’auront pas à se serrer la ceinture. Eux, qui partent en retraite tôt, conserveront un sérieux espoir de percevoir en retraites bien plus qu’elle n’ont versé en cotisations. La charge sera supportée par leurs cadets et par leurs enfants, qui prendront leur retraite plus tard avec à peu près zéro espoir de récupérer leur mise.

On comprend les soupirs d’aise des éditorialistes vieillissants, comme Bernard Stéphan dans La Montagne ! Mais attention, l’accord signé par les négociateurs chenus du Medef et des syndicats doit encore être approuvé par la base.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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mardi 20 octobre 2015

Les baby-boomers, champions du conformisme économique

À l’insu du commun des mortels, un sourd conflit agite les économistes universitaires, qui ont voté le 15 octobre pour élire leurs représentants au Conseil national des universités. Cette petite profession de moins de 2.000 praticiens se divise entre orthodoxes et hétérodoxes. Pour les orthodoxes, l’économie est une science et tout est dans les chiffres. Pour les hétérodoxes… ça n’est pas si simple. 

La division n’est pas politique : la gauche est fortement représentée dans les deux camps. La génération du baby-boom penche massivement en faveur de l’orthodoxie. Porte-étendard des hétérodoxes, l’Association française d’économie politique (AFEP) a calculé que dans la période 2005-2011, « sur 120 nominations de professeurs, seuls 6 appartenaient à des courants minoritaires, soit 5%. »

Dans notre époque post-soixante-huitarde, nous avons cru représenter la liberté de pensée. En réalité, en économie comme ailleurs, nous aurons manifesté pendant toute notre vie active un conformisme en béton, faisant de notre mieux pour empêcher l’émergence d’idées neuves.

dimanche 18 octobre 2015

La mairie de Paris prend les vieux pour des cons

La mairie de Paris multiplie les cadeaux aux « seniors », constate Perline dans un article au vitriol de Politis (« les seniors sont les vieux, après passage de la novlangue », précise-t-elle). La raison en est claire : « politiquement, les papy-mamy boomers sont très intéressants : nombreux, généralement en forme et… électeurs ». Anne Hidalgo, maire de Paris, les a donc choisis comme « faire-valoir ».

Elle a multiplié les réductions, services et autres avantages accordés à notre génération et aux précédente. 

Oui mais, dit Perline, tous ces avantages, il faut savoir qu’ils existent, et il faut se lever tôt pour en profiter : « la mairie de Paris ne VEUT PAS que les vieux bénéficient de ce qu’elle dit leur proposer ». Tous ces avantages ne sont que de la propagande électorale. « La mairie de Paris est vieille, et prend les vieux pour des cons et des faire-valoir de bonnes actions », s’insurge la polémiste. « Et il faudrait voter pour ça ? »

jeudi 15 octobre 2015

Un rapport officiel exhumé vingt ans après accuse les baby-boomers

Les articles de Jean-Marc Vittori sont toujours épatants. Il vient d’exhumer dans Les Échos un rapport sur l’avenir du travail publié par le commissariat au Plan en 1995, voici donc vingt ans. La génération du baby-boom commençait à accéder aux postes de commandement. Ce rapport devait éclairer notre lanterne sur la manière dont nous allions piloter la France.

Malgré ses erreurs (« les chiffres sont à côté de la plaque », note-t-il), le rapport avait globalement vu juste : « si les chiffres sont faux, le déroulement est bon ! » Sous la houlette du journaliste Jean Boissonnat, les experts du Commissariat au plan avait bien vu ce qui risquait de se passer.

« Et le pire des scénarios imaginés par la Commission ressemble terriblement à notre histoire passée, présente et à venir », constate Jean-Marc Vittori. D’une gentillesse naturelle, ce dernier, ne désigne pas de coupables. Mais ce post-baby-boomer né en 1958 aurait clairement pu nous accuser, nous ses aînés : notre génération a bien vu dans quel sens le monde évoluait mais a été incapable de s’y adapter. La France est entrée avec nous dans une période de marasme économique. Pourquoi ? Parce que « le cadre politique et juridique dans lequel s’inscrit [la stratégie des entreprises] n’a pas bougé – ou pas assez, ou mal ». Une fois au pouvoir, nous avons eu tout faux. Les yeux grands ouverts, notre génération a envoyé le pays dans le mur.

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mardi 13 octobre 2015

La Sécu, reflet des baby-boomers

« La sécu fait plus que son âge », déplore Gaël Jeanson dans Contrepoints. Quel âge, déjà ? Soixante-dix ans, comme la génération du baby-boom. La sécurité sociale, c’est nous. Elle a évolué avec nous, nous l’avons faite ce qu’elle est. Elle nous a accompagnée toute notre vie et nous en avons largement profité. Largement… ou abusivement ?

« Depuis déjà vingt ans, (…) le rapport entre masse salariale et bénéficiaires des prestations ne permet plus un financement sain. », souligne Gaël Jeanson. « Depuis déjà vingt ans », autrement dit, à partir du moment où notre génération a commencé à occuper les postes de commande. Nous avons laissé le déficit de la sécu se creuser peu à peu jusqu’à atteindre près de 12 % de la dette française. Nous avons bien vu venir le désastre futur, mais nous n’avons jamais voulu y remédier vraiment.


Le mal vient surtout de la branche santé. La logique voudrait qu’on y fasse des économies. Pourtant, le gouvernement compte faire porter l’essentiel des économies sur la branche famille. Nous avons refilé nos dettes à nos enfants avec la CADES, nos enfants vont les faire supporter par nos petits-enfants…

dimanche 11 octobre 2015

Les jeunes sont notre solution : à eux de banquer

Déjà signalé ici, le livre de Bernard Spitz, On achève bien les jeunes, publié chez Grasset, provoque quelques prises de conscience. Oh ! pas forcément des remises en questions radicales… En préconisant une nouvelle alliance entre les générations, Bernard Spitz ne fait pas montre d’une audace extrême. En fait, le plus audacieux dans son livre est son titre !

Mais il sait bien qu’il est plus facile de dire que de faire. « Un vieux monde s'accroche et veut imposer son logiciel à la France du XXIe siècle », a-t-il déclaré voici quelques jours à Jactiv Ouest France. « Forcément, cela ne marche pas. La réalité, c'est que nous nous enfonçons dans les déficits à la charge des générations futures. » Et Bernard Spitz de conclure que les jeunes « ne sont pas notre problème, ils sont notre solution. »

Allez, disons-le franchement : notre problème, c’est nous. L’ennuyeux, c’est que nous sommes aussi le problème des jeunes. Faire rembourser nos déficits par les générations futures est en effet une solution pour nous, mais c’est un problème pour elles ! Nous prenons les jeunes pour des vaches à lait ; n’allons pas en plus les prendre pour des idiots.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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vendredi 9 octobre 2015

Inondations du Sud-est : nous avons trempé là-dedans

Après avoir enterré leurs morts et en attendant leurs assureurs, les Alpes-Maritimes sèchent leurs parkings et leurs caves. Tout le monde l’admet : les terribles inondations de dimanche dernier ne sont pas venues du ciel : elles sont venues du sol. Bétonné à outrance, il ne permet plus l’évacuation de pluies diluviennes.

On n’avait jamais vu ça ? De telles intempéries, on en avait déjà vu ; le problème est en réalité qu’on n’avait jamais vu tant de constructions là où l’eau peut monter vite. Pas d’habitants, pas de victimes…


Alors, on n’avait pas prévu ça ? Vous plaisantez ? il y a longtemps que l’analyse a été faite. Mais comme nous n’avons pas envie d’avouer nos fautes (et de détruire les sympathiques pavillons que nous nous sommes fait construire dans les années 1980), nous nous contentons de pousser des lamentations à chaque catastrophe, en assurant les victimes de notre solidarité et en laissant nos enfants traiter le problème, s’ils le peuvent, ou payer les cotisations de catastrophes naturelles, s’ils ne le peuvent pas.

mercredi 7 octobre 2015

Les violences chez Air France, un legs du baby-boom ?

Un scandale isolé, les violences exercées au sein du comité central d’entreprise d’Air France le 5 octobre ? Pas sûr. Ouest France vient de publier une intéressante interview du professeur Jean-François Amadieu, de l’université Paris I. « Depuis 1995, il y a une montée de radicalisation des conflits et depuis ça ne s'est jamais démenti », souligne ce spécialiste des relations sociales. « (…) Comme illustration de la radicalisation des conflits depuis quelques années, c'est caractéristique. Cela symbolise ce qu'on traîne depuis dix ans, vingt ans. A chaque conflit, on est toujours à la limite de quelque chose d'encore plus grave. »


La contestation sociale a toujours été un aspect fort de notre génération. Nous étions revendicatifs, nous n’aimions pas les patrons. Une fois devenus patrons, ou sous-patrons, dans les années 1990, nous aurions dû rénover les relations sociales, non ? En fait, il s’est passé l’inverse : nous avons laissé la grogne tourner vinaigre…

lundi 5 octobre 2015

Emmanuel Macron et les habits neufs des baby-boomers

« Le libéralisme est une valeur de gauche » : depuis quelques jours, la petite phrase du ministre de l’Économie fait grand bruit. Fallait-il qu’elle en fît ? Emmanuel Macron est le jeunot qui dit la vérité qu’il voit parce qu’il n’appartient pas à une génération qui ne voit plus ce qu’elle fait.

Notre génération se pense (et vote) comme une génération de gauche. Et elle se comporte en génération libérale. Nous avons proclamé en mai 1968 que nous voulions « jouir sans entraves » : en voilà de l’ultra-libéralisme. Liberté d’avorter et liberté d’avoir un enfant, quitte à le faire faire par quelqu’un d’autre, liberté de se marier avec quelqu’un du même sexe et liberté de divorcer sur un claquement des doigts, liberté d’aller et de venir, fût-ce en polluant les cieux, liberté de ne pas être privé de liberté en cas d’infraction à la loi… Mais nous sommes quand même une génération de gauche dans la mesure où nous voudrions que l’État finance ces libertés (liberté individuelle pour les migrants de s’installer où ils veulent, mais obligation collective pour le pays d’accueil de pourvoir à leurs besoins…).

Cette contradiction intrinsèque, cette énorme faille intérieure que nous n’avons jamais voulu voir, Emmanuel Macron la voit et le dit. Il ne crache pas encore sur nos tombes, mais il crache déjà sur nos illusions.

vendredi 2 octobre 2015

Des maires qui n’auront pas de rue à leur nom

Depuis quelques semaines, les maires de France se plaignent bruyamment de la réduction des dotations de l’État. Disons même qu’ils mettent beaucoup plus d’énergie à se plaindre qu’à tenter de réduire leurs dépenses. Et que leurs lamentations s’élèvent opportunément au moment où les contribuables locaux reçoivent leurs avis de taxe foncière et de taxe d’habitation…

« Les collectivités locales dépensent trop depuis vingt ans », s’indigne Stéphane Rossard dans Contrepoints. « Elles vivent au-dessus de leurs moyens ! » Mais qui sont « les collectivités locales » ?  ? Derrière cette désignation d’un commode anonymat, il y a des élus et des fonctionnaires locaux, des hommes et des femmes en chair et en os. Or la majorité de ces gens qui ont occupé le pouvoir dans les collectivités locales depuis vingt ans sont des nôtres !

Bien entendu, ces enfants du baby-boom n’assument pas leur laxisme dépensier. À les en croire, ils ont dépensé pour le bien des citoyens, ils ont investi pour l’avenir. À avoir tant investi, ils ont préparé un avenir radieux ! Mais l’avenir des vingt dernières années, c’est maintenant : on voit le résultat.

S’il y a la moindre justice dans la postérité, les maires baby-boomers seront les premiers de l’histoire à ne pas avoir de rue à leur nom dans la commune qu’ils ont dirigée. Peut-être même grattera-t-on leur nom sur les registres de délibérations. Aller cracher sur leurs tombes sera un minimum minimorum.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !
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