vendredi 24 avril 2015

Le FMI a-t-il ouvert une boîte de Pandore fatale pour les baby-boomers ?

Le rapport du Fonds monétaire international (FMI) signalé ici voici quelques jours va-t-il déclencher une réaction en chaîne ? L’idée qu’une société dominée par les vieux n’est pas une société en croissance fait réfléchir les économistes. Dans La Chronique Agora, Bill Bonner écrit : « Les pays développés sont affligés d’un excès de vieux croûtons. Nous n’avons rien contre les personnes âgées (surtout dans la mesure où nous espérons en devenir une dans pas trop longtemps). Mais les personnes âgées ne construisent pas une économie ; ce sont les jeunes qui s’en chargent. Et ils ne sont pas assez nombreux. »

Mais ce n’est pas tout : « les règles, les subventions, les lois et les arrêtés protègent désormais les intérêts financiers établis contre leurs concurrents nouveaux-venus », ajoute Bill Bonner. « Le nouveau-né de 2015 se trouve chargé de dettes, d’obligations et de restrictions censées profiter à ses grands-parents. »

Qu’arrivera-t-il si ce que dit un pamphlet interdit aux moins de 60 ans comme Ils viendront cracher sur nos tombes devient demain une idée consensuelle ? Rien de bon, j’en ai peur.

mercredi 22 avril 2015

Le mistigri du tsunami gris

L’expression « tsunami gris » dit bien ce qu’elle veut dire : notre vieillissement va être pour nos enfants un raz-de-marée catastrophique. On ne lutte pas contre un tsunami, il s’impose, balayant sur son passage tout ce qui n’est pas fermement accroché.

Cette métaphore pas gaie est rare en France ; c’est sans doute révélateur de notre cécité volontaire. D’autres se montrent plus réalistes : le « tsunami gris » est une perspective reconnue en Suisse et au Québec. Témoin l’entretien avec Stéfanie Monod par François Modoux paru lundi dans 24 Heures. La patronne du service vaudois de la santé publique, ex-médecin gériatre, y explique sa déclaration récente : « Si le système de santé ne se remet pas en question, il court à la catastrophe d’ici vingt à trente ans ».

Si déjà les Suisses se jugent mal préparés, qu’en est-il en France ? Nous n’avons pas préparé notre propre décrépitude, nous laisserons nos enfants s’en charger. Ou pas : tant pis pour nous.

mardi 21 avril 2015

Je n’entends plus siffler le train

La disparition de Richard Anthony est un choc pour notre génération de baby-boomers. Né en 1938, il n’en faisait pas partie, mais ses chansons ont accompagné notre jeunesse, et une partie de la suite aussi. 

Le retour sur sa carrière d’artiste pourrait-il être l’occasion d’un retour sur notre carrière de citoyens ? Pas sûr que nous ayons autant de raisons d’en être satisfaits.

Photo Cedric Anthony, Wikimedia Commons sous licence CC BY-SA 3.0

mercredi 15 avril 2015

Le FMI découvre le poids des vieux

Dans son World Economic Report, le Fonds monétaire international décrit chaque année la situation et les perspectives de l’économie mondiale. Compte tenu des immenses ressources du FMI en hommes et en informations, le document fait figure de Bible pour les économistes du monde entier.

Le World Economic Report 2015 est paru ce mardi. Nouveauté de cette édition : le FMI semble s’être soudain aperçu que le vieillissement a des conséquences économiques. Serait-ce parce que son directeur des études, Olivier Blanchard, un baby-boomer né en 1948, commence à ressentir lui-même les effets de l’âge ?

Le rapport du FMI revient à plusieurs reprises sur le vieillissement. Et il n’aime pas. Il estime ainsi que les taux de croissance des pays avancés resteront inférieurs aux taux d’avant la crise pour deux raisons principales : la faible accélération de la croissance du capital et… le vieillissement de la population.

Encore une fois, notre génération fait mine de découvrir à un moment où elle ne peut plus rien y faire une situation dont elle aurait dû être consciente depuis bien longtemps. Nous l'avons fait, par exemple,  avec l'environnement, l'énergie, l'immigration, etc. Et nous l'avons fait avec notre propre vieillissement ! La soudaine "révélation" du FMI aurait dû déclencher un éclat de rire. Mais pas du tout, la corporation des économistes hoche gravement la tête. Même si tous ne sont pas dupes : Jean-Marc Vittori, un post-baby-boomer lui, évoque plutôt, non sans ironie, une simple "redécouverte".

dimanche 12 avril 2015

Ils viendront nous cracher dans l’oreille

Les premiers baby-boomers atteignent cette année le cap de la septantaine. Ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd : l’industrie des appareils auditifs semble avoir lancé une campagne de relations publiques en faveur d’un cadeau d’anniversaire bien spécial : une prothèse auditive !

Notre génération n’a jamais écouté les avertissements de tous ordres qui auraient pu la dissuader de commettre tant de dégâts dans des domaines comme l’environnement, l’urbanisme, l’immigration… C’est peut-être qu’elle ne les entendait pas

Je ne suis pas sûr du tout que le cadeau intéressé des Amplifon, Audika et autres Audio 2000 arrange les choses : il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre. Et surtout, à 70 ans, il est trop tard pour changer notre œuvre des quarante années précédentes. Tout ce que nous pourrions entendre désormais, ce sont des reproches. Autant rester sourd.

samedi 11 avril 2015

Comment se passer de Jean-Marie Le Pen ?

On va regretter Jean-Marie Le Pen. D’ailleurs, on le regrette déjà. Il aura été le Grand Satan de référence pendant la plus grande partie de notre âge adulte. Sa présence au second tour de la présidentielle en 2002 a été comme un premier cheveu blanc ou une première ride sur le visage politique de notre génération.

Ses nouvelles déclarations à scandale ont provoqué un tollé ? Formidable occasion pour Marine Le Pen : elle aura été la première en plus de trente ans à s’opposer sérieusement à Jean-Marie Le Pen sans recourir aux invectives.

Mais les gens ne sont jamais contents. On entend déjà les rétropédalages : ah ! mais il ne faudrait pas croire que, parce que la fille se débarrasse du père, le Front National a changé. Il était déjà difficile de faire barrage au FN avec Jean-Marie Le Pen ; sans lui, ça va devenir impossible. Jean-Marie Le Pen a été utile à Mitterrand, à Chirac, à Sarkozy, à Hollande. Nous espérions que ça allait continuer. Hélas, même les repoussoirs ne sont pas éternels. Nous n'étions déjà plus très sûrs de croire au père Noël ; il faut maintenant admettre que le père Fouettard n'existe pas.


Photo : Le Pen im Präsidentenwahlkampf 2007 par Marie-Lan Nguyen (Jastrow), Wikipedia, CC BY 2.5

mardi 7 avril 2015

L’ancien monde ne veut pas mourir ? Un peu de patience !

Dans son bloc-notes du Figaro, vendredi dernier, Ivan Rioufol citait Antonio Gramsci : « Il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne veut pas naître. » Or chez nous « le vieux système s’accroche », la France est « prisonnière de l’ancien monde ». Cet ancien monde est représenté aussi bien par la gauche que par la droite et se caractérise, écrit l'éditorialiste, par un « vide des idées, résultat de quarante ans d’éteignoir ». Mais le temps n’éteint rien du tout ! Ce n’est pas le temps qui a éteint les idées, ce sont les hommes de ce temps-là !

Et ces hommes, hélas, c’est nous autres, génération du baby-boom. Nous sommes l’ancien monde. Le côté optimiste de ce constat, c’est que l’ancien monde finira bien par casser sa pipe. La crise de Gramsci s’achèvera un jour. Et le nouveau monde viendra cracher sur nos tombes.

lundi 6 avril 2015

Pourquoi la gauche va mourir : parce que la gauche, c’est nous


Gérard Courtois cherchait sans doute à (se) rassurer en écrivant « Pourquoi la gauche peut mourir ». Ce titre d’un article publié dans Le Monde mardi dernier évoque bien sûr la formule lancée en juin dernier par Manuel Valls : « la gauche peut mourir ». Le journaliste veut y voir une « sombre prophétie ». Mais évoquer une éventualité future peut servir à fermer les yeux sur une réalité présente !

Une réalité qui ne date pas d’hier, à vrai dire, et Gérard Courtois admet une « profonde crise structurelle ». Le communisme a été quasiment éliminé en un quart de siècle, note-t-il, et « aujourd’hui, c’est le socle historique – existentiel pourrait-on dire – du socialisme municipal et départemental qui est ébranlé, voire menacé ». Il y voit une vicissitude électorale, un aléa de la vie politique, une conséquence pratique de divergences d'idées. Moi je dis qu’il se trompe.

Le sort électoral du Parti socialiste est une affaire de génération. Le « socle historique » du socialisme municipal est plus qu’existentiel : il est biologique. Le socialisme tel que le représente le P.S. aujourd’hui est l’expression politique de la génération du baby-boom ; l’un et l’autre ont fait la France telle qu’elle est depuis les années 1980. Comme je le dis dans Ils viendront cracher sur nos tombes, cette gauche-là va mourir parce que nous sommes sexagénaires, tout simplement.

dimanche 5 avril 2015

Calais et la défaillance des politiques

Calais : l’exemple phare de la manière dont la génération du baby-boom a traité les problèmes nés de l’immigration. Ou plutôt, dont elle ne les a pas traités, parvenant à conjuguer humanisme et inhumanité. Il y a vingt ans que la ville et ses environs sont devenus un vaste cul-de-sac, si ce n’est un cul-de-basse-fosse, pour des migrants illégaux aspirant à passer en Angleterre.

En 1999, on a ouvert Sangatte. En 2002, on a fermé Sangatte. On a traité les symptômes, multipliant murs, barbelés et CRS sans parvenir à guérir le mal. Amnesty International vient de consacrer un dossier à la ville de Calais. « La coexistence oscille entre hostilité, indifférence et solidarité », écrit l’association, qui voit midi à sa porte : « outre l’action des associations et des ONG qui apportent assistance et aide aux migrants, Calais pullule d’initiatives individuelles, comme si une partie de la population s’était donné pour objectif de pallier la défaillance des politiques ».

Ce qui n’empêche pas ladite population d’exprimer dans les urnes son avis sur ladite défaillance des politiques : dimanche dernier, le Front National a obtenu 38,6 % des voix à Calais-1, 45,25 % à Calais-2 et 49,45 % à Calais-3. La récompense d’un talent particulier de ce parti ? Ou plutôt la sanction d’une nullité particulière de notre génération ?

Rocard Saint-Bouc ?

Michel Rocard rencontre en ce moment un grand succès d’estime et un petit succès de librairie avec son dernier livre, Suicide de l’Occident, suicide de l’humanité ? L’ancien Premier ministre est encore bien bon d’avoir mis un point d’interrogation…

La pensée rocardienne, si percutante soit-elle, comporte encore des zones d’obscurité. Nos deux principaux moyens pour nous suicider seraient la destruction de l’environnement et l’inégalité des revenus. Cet ultime soubresaut d’une pensée moribonde qui s’efforce encore de tout expliquer par la lutte des classes ne convainc pas du tout. Plaie d’argent n’est pas mortelle, et la source d’inégalité la plus colossale du moment n’est pas polluante en soi. Les masses d’argent colossales déversées sur les marchés d’actifs grâce au quantitative easing des banques centrales sont purement virtuelles, elles polluent bien moins que les pets au méthane de nos bovins !

Lisez Rocard, son livre est plein d’informations intéressantes et alarmantes sur la pollution. Mais si vous voulez connaître les vrais coupables, c’est-à-dire nous autres baby-boomers, lisez plutôt Ils viendront cracher sur nos tombes !

Photo de Michel Rocard : Rama sur Wikipedia sous licence CC