dimanche 31 mai 2015

Entre ici, Najat Vallaud-Belkacem, ça n’est pas pour demain

Le débat sur l’école ? Nous sexagêneurs, ça ne nous regarde pas ! Pour la plupart, nous n’avons plus d’enfants à la maison. Pourtant, nous voyons bien qu'il tracasse la génération suivante. Elle se dit que le niveau scolaire baisse et qu’on s’apprête à le baisser encore, et ça l’inquiète.

Ce n’est pas une question de division entre droite et gauche. On vient de déposer au Panthéon les cendres d’un ancien ministre l’Éducation nationale radical-socialiste, Jean Zay, qui a beaucoup agi pour élever le niveau scolaire

Mais d’où vient ce double problème, la baisse de niveau et l’opposition des parents d’élèves aux projets de Najat Vallaud-Belkacem ? « Les parents ne sont pas là pour servir la soupe à un ministère qui n’y connaît rien, et qui depuis vingt ans ne considère les élèves que comme des sources de déficit », tonne Jean-Paul Brighelli dansun « tableau noir » du Point. « Depuis vingt ans » : c’est assez dire que les coupables ne sont pas seulement les hauts fonctionnaires d’aujourd’hui, mais aussi ceux d’hier, les baby-boomers pédago, en somme.

Si nos petits-enfants ne viennent pas cracher sur nos tombes, c’est qu’il ne sauront même plus déchiffrer un nom sur un caveau.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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samedi 30 mai 2015

Référendum de 2005 : notre catastrophe démocratique


Voici dix ans, fin mai 2005, les électeurs français répondaient « non » au référendum sur le traité de constitution européenne. Deux ans plus tard, le traité de Lisbonne, aux dispositions presque identiques, était adopté par voie législative.

Ce bras d’honneur au peuple souverain a marqué le summum de la démocratie façon baby-boomers. Car les députés qui venaient d’être élus appartenaient très majoritairement à notre génération (leur âge moyen était de 55 ans). Nous étions pour cette Europe-là, nous n’avons pas supporté un « non » voté surtout par de plus vieux et de plus jeunes que nous.

Et tout ça pour quoi ? « Dix ans après, les Français rediraient non », révélait Le Figaro vendredi, sur la base d’un sondage IFOP. Et plus massivement encore qu’en 2005 : 62 % au lieu de 55 %. Les résultats détaillés du sondage ne permettent pas d’isoler exactement le vote des sexagénaires (ils sont répartis dans les catégories 50 à 64 ans et 65 ans et plus). Mais chez les moins de 35 ans, le résultat est catastrophique : si le référendum avait lieu aujourd’hui, 38 % voteraient non, 26 % seulement voteraient oui et 36 % ne savent pas ce qu’ils feraient !

Nous avons tordu le bras à la démocratie, les électeurs ne nous disent pas merci.

vendredi 29 mai 2015

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Nous avons craché sur leurs urnes, ils cracheront sur nos tombes

Natacha Polony ne nous lâchera pas. Pour elle, on le disait l’autre jour, tous nos méfaits des vingt dernières années étaient en germe dans l’élection présidentielle de 1995. En fait, corrige-t-elle dans Le Figaro de samedi, il n’y avait pas que l’élection. Il y avait aussi la monnaie unique, « une fausse bonne idée, une astuce subalterne de technocrate », comme disait Cornelius Castoriadis la même année dans L’Événement du jeudi. En interdisant l’inflation, la monnaie unique allait produire du chômage et imposer une hégémonie allemande.

Or, souligne l’éditorialiste, une occasion d’en sortir s’est présentée en 2005 avec le référendum sur le traité constitutionnel européen, il y a pile dix ans ce 29 mai. Et le peuple français a saisi cette occasion : il a voté non ! Mais ça a été oui quand même : une fois Nicolas Sarkozy élu, le traité de Lisbonne a été adopté par un simple vote du Congrès. Haha ! électeur français, tu as voulu faire le malin ? Pends donc ça dans la g… !

Natacha Polony voit dans ce non transformé en oui la « première manifestation massive d’une forme de fracture entre ce qu’on a appelé ‘les élites’ et ‘le peuple’ ». Mais elle pourrait aussi bien y voir un choix imposé par la génération au pouvoir, la nôtre, aux générations suivantes. Cette fracture-là n’est pas moins grave.

jeudi 28 mai 2015

(Rapp)port du voile intégral

Non, les rapports d’inspection ne sont pas toujours destinés à être oubliés sur une étagère. Prenez le rapport de l’inspection générale de l’Éducation nationale présenté par Jean-Pierre Obin en juin 2004. Son titre, « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », dit assez qu’il reste d’actualité en 2015.

Ses auteurs* étaient parfaitement conscients de l’importance de leurs constats. Les comportements notés à l’école n’étaient selon eux « que la partie scolairement visible d’un phénomène bien plus profond, dont l’évolution constitue vraisemblablement l’une des clés de notre avenir ». Une des clés de notre avenir… Pas une mince affaire, donc.

Qu’avaient-ils donc découvert ? De leurs visites à des « établissements scolaires implantés dans les quartiers où sont concentrées des populations issues de l’immigration maghrébine, parfois turque, africaine ou comorienne, quartiers de plus en plus homogènes sur le plan social et religieux », ils avaient conclu que des « évolutions inquiétantes » étaient en cours : massivement, des jeunes « de la seconde ou troisième génération » trouvaient dans l’islam une « identité de substitution » et rejoignaient des « groupes ouvertement ségrégationnistes et qui dénoncent l’intégration comme une apostasie ou une oppression » visant à « rassembler ces populations sur le plan politique en les dissociant de la nation française et en les agrégeant à une vaste « nation musulmane ».

Ce n’était pas rien ! Où cela pouvait-il mener ? À l’engagement dans des milices islamiques lors de conflits à l’étranger ? À des assassinats de journalistes coupables de blasphème envers l’islam ? Sait-on jamais… En tout cas, on ne pouvait qu’adhérer : ce qui se passait alors dans les établissements scolaires était « la clé de notre avenir ». Heureusement, il était possible d’y faire quelque chose puisque « certains établissements, objectivement parmi les plus exposés, ont su traiter avec une remarquable efficacité les tentatives dont ils ont été l’objet ».

Le rapport aura onze ans dans quelques jours. Qu’a fait notre génération de ce cri d’alarme ? Pas grand chose. Nous laissons ce soin à nos enfants. Qui devront aussi surveiller du coin de l’œil les dizaines de milliers d’élèves que nous avons laissés se radicaliser. Ou même subir les conséquences de leurs actes.
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* Dix inspecteurs généraux de l’Éducation nationale, pour la plupart baby-boomers : outre Jean-Pierre Obin, Nicole Baldet, Jean-Yves Cerfontaine, Jean-Paul Delahaye, Jean-Marie Jutant, Claude Lambert, Gérard Mamou, Gérard Pourchet, Claude Roiron et Martine Storti. Aucun n’était suspect de sympathies pour le Front national. Au moins sept d’entre eux ont même appartenu au cabinet de ministres socialistes comme Jacques Lang ou Vincent Peillon ; Nicole Baldet a été secrétaire de Lionel Jospin et Claude Roiron secrétaire nationale du Parti socialiste.

mercredi 27 mai 2015

La retraite, paradis au rabais ?


Autrefois, la vie était dure. Pour la supporter, nos pères avaient besoin de raisons de vivre. La foi leur en apportait. En contrepartie de leurs efforts, la vie éternelle leur était promise. À eux le Jardin d’Eden.

Aujourd’hui, la vie est moins dure. Ils nous faut encore des raisons de vivre, mais il n’est plus nécessaire qu’elles soient aussi considérables. En contrepartie de nos efforts, une seconde vie nous attend : la retraite. À nous les Jardins d’Arcadie.
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mardi 26 mai 2015

Les vieux suisses profitent de la vie

Les Suisses vieillissants voient la retraite comme nous, baby-boomers français : un nouveau départ. « La retraite est devenue une seconde vie pour les seniors », assure Adrià Budry Carbó dans Le Temps. Cette seconde vie a un avantage sur la première : on n’a pas besoin de la gagner. D’autres s’en chargent. Et cette charge ne cesse de s’alourdir.

« C’est peut-être la première fois de l’histoire que des seniors gagnent plus que des actifs », souligne Michel Oris, professeur à l’Université de Genève, cité par Le Temps. Et la première fois aussi que des gens tout à fait valides sont à la charge de la société. Et sans un soupçon de mauvaise conscience, encore !

« Cette génération veut profiter de la vie et continuer à exercer les activités qu’elle a toujours effectuées », déclare Frédéric Serrière, un « spécialiste en stratégie et économie du marché des seniors » cité par Adrià Budry Carbó. Et, ajoute le journaliste, « les jeunes retraités se considèrent […] rarement comme des seniors ». Résumons : les vieux suisses se considèrent comme jeunes et très capables de continuer à vivre comme avant. Mais ils veulent « profiter de la vie ». C’est-à-dire profiter de la génération suivante, qui gagne moins qu’elle. La « seconde vie » qu’est devenue leur retraite est pompée sur la vie de leurs enfants.

dimanche 24 mai 2015

Génération Viagra

Les Canadiens sont gentils mais directs, ils vont droit aux faits, et les faits, eux, ne sont pas toujours gentils. « Alors que s'achève la vague du baby-boom, les dernières-derniers babyboomers arrivent en ménopause-andropause à grand renfort de questions et surtout de protestations ! », écrit Dominique Cloutier dans le journal en ligne Accès. « Les babyboomers aiment la facilité, ne pas oublier que nous sommes une génération un peu spéciale... »

Un peu spéciale, car « composée en grande partie d’égocentriques », ajoute le naturopathe. « Alors c'est bien sûr que les désagréments de la ménopause ou de l'andropause ne leur sont pas tolérables ! ». Si déjà c’est comme ça au Canada, pays plus réaliste que la France, c’est forcément pire en France. Depuis mai 68, préférer le rêve à la réalité nous paraît une vertu. Alors quand la réalité s’impose, cela nous est insupportable. C’est vraiment dur de bander mou ! 

samedi 23 mai 2015

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Faut-il éparpiller l’héritage de nos enfants après l’avoir gaspillé ?


Bill Bonner persiste et signe. « Les marchés boursiers et obligataires [sont] manipulés au détriment des jeunes » insiste-t-il. Et le transfert de richesses des jeunes vers les vieux (qui se chiffre en milliers de milliards de dollars) n’est pas un accident explique-t-il dans La Chronique Agora ce mercredi. Ce colossal détournement est dû à trois facteurs :
  1. Au niveau du gouvernement, des groupes de pression et même de l’électorat, le pouvoir est entre les mains des seniors.
  2. Le gouvernement, aux ordres des personnes âgés, enchérit l’emploi des jeunes et prend des mesures favorables aux « barbes grises ».
  3. Le système de crédit « récompense la génération actuelle tout en repoussant les coûts à plus tard ».
L’essayiste américain veut bien convenir que nous n’avons pas toujours été conscients des conséquences de nos actes. Et le vrai coup d’envoi des politiques pernicieuses, la réforme du système monétaire en 1971, du temps de Nixon, est antérieur à l’arrivée aux affaires des baby-boomers. Mais nous en avons profité, et de plus en plus. Les nouvelles possibilités d’emprunt illimité « ont fait grimper le patrimoine des vieux croûtons et augmenté leur niveau de vie ». Alors que, en termes réels, le pouvoir d’achat des jeunes travailleur stagne depuis des décennies.

Les entreprises s’endettent pour investir… mais aussi pour racheter leurs propres actions, s'emparer d’autres entreprises ou verser des bonus à leurs dirigeants, toutes mesures qui profitent surtout à des gens plutôt âgés. Quant à la dette publique, « elle ne suit pas la personne qui l’a contractée dans le tombeau » : elle sera supportée par la génération suivante.

« Jeunes du monde entier, unissez-vous ! » conclut Bill Bonner. Euh… est-ce bien raisonnable ? Nous ne laisserons pas grand chose à nos jeunes : faudrait-il en plus qu’ils le partagent avec les jeunes du monde entier, qui sont beaucoup plus nombreux qu’eux ? À moins, ultime astuce de senior, que ce mot d’ordre ne les invite à partager le poids des dettes de leurs pères avec les enfants des autres…

vendredi 22 mai 2015

Vingt ans après, que reste-t-il du chiraquisme ? Moins que rien !

« Il y a vingt ans, Chirac était élu président, qu’en restera-t-il ? » demandait Guillaume Perrault dans Le Figaro voici une quinzaine de jours. À en croire l’éditorialiste, le premier fait qui restera dans les manuels d’histoire est que « le nouveau président reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs ». N’est-ce pas emblématique de notre génération ? L’acte le plus notoire accompli du temps où nous étions dans la force de l’âge est une déclaration verbale sur des événements survenus un demi-siècle plus tôt !

Sur la deuxième marche du podium selon Guillaume Perrault vient la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique, et sur la troisième le refus de participer à la deuxième guerre d’Irak. Les essais nucléaires visaient à préparer une guerre nucléaire dans l’espoir de l’éviter (si vis pacem, para bellum…), le non aux Américains à éviter une guerre classique à laquelle nous étions préparés. Deux manœuvres d’évitement, sur des territoires lointains au surplus : notre génération n’aurait donc pas mieux à laisser dans les manuels d’histoire ?

Il faut croire que non. « En matière économique et sociale, le bilan est beaucoup moins glorieux », poursuivait Guillaume Perrault. Parce qu’il est glorieux d’avoir participé à la déportation des Juifs, réalisé des essais nucléaires, échappé à une expédition militaire ? Il faut croire que oui. Du moins si l'on compare avec l’abandon du plan Juppé, à la flambée des impôts et de la dette publique, aux émeutes urbaines de 2005…


Photo www.kremlin.ru, Wikipedia, CC BY 3.0

jeudi 21 mai 2015

Nous avons surconsommé les espérances sociales

Même la grève n’est plus ce qu’elle était. Des mouvements sociaux ont lieu cette semaine chez les fonctionnaires. Ils n’iront pas bien loin, estime Leïla de Commarmond dans Les Échos. Elle cite Jean-Marie Pernot, chercheur à l’Ires : « 1995, 2003, 2010 : au cœur des grands mouvements sociaux de ces vingt dernières années était toujours posée la question du gouvernement d'après. Aujourd'hui, c'est un frein car quel peut être le gouvernement d'après ? 

Eh ! oui, quand nous manifestions voici vingt ans, dans la force de l’âge, l’avenir paraissait prévisible, les défilés étaient joyeux, la grève était une fête. Au mieux, on obtenait ce qu’on voulait, au pire, on gardait ce qu’on avait. Nos enfants n’ont pas ce luxe. Au mieux, ils garderont l’UMPS, au pire ils auront l’un des Fronts, de gauche ou national (et ce Front, ils l’auront dans le c…). À force de voracité (ce qu’on voulait) et d’immobilisme (ce qu’on avait), nous avons consommé d’avance non seulement leur argent mais leurs espérances.

mercredi 20 mai 2015

Les aînés orphelins aux bons soins des Thénardier juniors

Une gériatre américaine, le docteur Maria Torroella Carney, du réseau de santé North Shore LIJ, vient d’inventer l’expression « aînés orphelins » (« orphan elders »). Elle l’a présentée ce week-end au congrès scientifique annuel de l’American Geriatrics Society’s 2015. Les aînés orphelins sont le groupe sociodémographique des personnes qui vieillissent célibataires et sans enfants, donc sans « aidant naturel ».

Ce groupe va connaître un grand essor en France aussi, note Santé Log dans un article sur le « boom des Aînés orphelins ». Il faudra donc que la société s’en occupe. Ceux des nôtres qui n’ont vécu que pour eux-mêmes compteraient ainsi sur les enfants des autres ! Peuvent-ils pour autant espérer que personne ne vienne cracher sur leurs tombes 

Méfions-nous quand même de la bienveillance de la société : dans son communiqué, le North Shore LIJ s’inquiète d’une possible surconsommation médicale des aînés orphelins. En les confiant aux services sociaux, « on devrait pouvoir abaisser les coûts des soins ou prévenir le recours inutile à des soins coûteux ». Les jeunes générations commencent à annoncer la couleur : elles vont nous serrer la ceinture.

mardi 19 mai 2015

Bill Bonner appelle les jeunes Américains à la révolte

Je croyais avoir été très sévère envers ma génération de baby-boomers dans Ils viendront cracher sur nos tombes. Eh ! bien, pas tant que ça, finalement. Bill Bonner, un personnage considérable, essayiste en vue et fondateur d’un groupe d’édition international, se montre beaucoup plus féroce encore dans son dernier article de La Chronique Agora. Et en deux pages seulement !

Pire, au lieu de s’adresser comme moi aux plus de 60 ans, Bill Bonner harangue les jeunes générations dans un discours « d’une grande élévation morale » et les pousse à la rébellion envers leurs parents. « A présent, tout dépend de vous », écrit-il. « Vous devez avoir un emploi pour pouvoir payer leur Sécurité sociale. Vous devez payer vos impôts pour qu’ils puissent continuer à mener leurs guerres. Vous devez aussi acheter une maison afin qu’ils puissent déménager en Floride pour leur retraite. » Car au fait, oui, Bill Bonner s’adresse aux jeunes Américains.

Ça n’est pas mieux chez eux que chez nous. Pire peut-être, car ils s’endettent en masse pour payer leurs études et doivent, en plus de toutes les dettes accumulées par les baby-boomers, rembourser leurs propres crédits. Ou « devraient » rembourser : le pragmatisme américain leur fera dire zut ! aux vieux. Et la France aura vite fait de s’américaniser.

lundi 18 mai 2015

Christiane Taubira retombe en enfance

« Les enfants qui me ressemblent ont toute légitimité au monde » : pour qui se prend-elle, Christiane Taubira ? À quels enfants croit-elle ressembler malgré ses 63 ans et son embonpoint ? À en juger par le reste de son interview dans le dernier numéro de Paris Match, les « enfants qui [lui] ressemblent » sont tout simplement les gens à la peau sombre. Et la ministre d’insister : « les gens qui me ressemblent sont plus nombreux ». Conclusion : « il vaut mieux ne pas trop défier ce monde-là ».

Dans le fond, il y a bien quelque chose d’infantile dans cette version guyanaise du « tu vas voir ta gueule à la récré ». Mais il y a aussi quelque chose de nettement raciste dans ces « gens qui me ressemblent » et qui ont « toute légitimité au monde ». Si ta gueule n’a pas la bonne couleur, gare à la récré, la cour est à nous ! Notre Garde des Sceaux baby-boomeuse s’acharne décidément à répandre dans la jeune génération les nuisances de la nôtre.

samedi 16 mai 2015

Les baby-boomers américains sont gros et mal en point

La presse américaine rend largement compte d’une étude des Centers for Disease Control sur la santé des baby-boomers d’outre-Atlantique (qui ont pas mal à voir avec nous, en moins pire peut-être car leur mai 1968 a été plus étalé dans le temps).

Ce n’est pas trop brillant. Près d’un sur cinq souffre du diabète, près d’un sur deux soigne son cœur. Et comme la plupart d’entre eux seront couverts par Medicare, ils vont coûter cher aux finances publiques – c’est-à-dire à leurs enfants et petits-enfants. L’âge ne fait pas tout : 40 % des baby-boomers américains sont obèses, ils mangent trop et ne bougent pas assez. Mais ce n’est pas parce que c’est encore pire ailleurs que nous devons tomber dans l’autosatisfaction.

vendredi 15 mai 2015

François Hollande, Lider Baby-boomo

Dans la génération du baby-boom, il fallait avoir le cœur spécialement dur ou l’esprit spécialement américanisé pour ne pas aimer Cuba. Il me semblait qu’à force de dictature (inefficace, en plus !), ce mythe-là avait quand même pris du plomb dans l’aile. Qu’il s’était endormi au fond de nos placards avec notre vieux T-shirt à l’effigie de Che Guevara, « le héros typique de notre génération » comme je le dis dans Ils viendront cracher sur nos tombes (p. 13-14).

Je me trompais, la visite de François Hollande à Cuba l’a montré. Visiter Cuba, encore, très bien, le pays a sûrement besoin qu’on lui tende la main. Mais aller baiser les babouches de Fidel Castro et quitter ravi un homme « qui a fait l’histoire », c’est autre chose. L’histoire de Cuba sous le Lider Maximo a été plus défaite que faite. Et si Cuba joue un rôle « historique » de nos jours, c’est davantage à Guantanamo qu’à La Havane ! François Hollande n’a fait que sacrifier à un mythe défraîchi, dans l’espoir peut-être que le saint homme daignerait faire un miracle et ramener la France au temps des Trente glorieuses.

jeudi 14 mai 2015

Natacha Polony nous attend au tournant depuis vingt ans

Natacha Polony n’est pas du genre à venir entretenir nos tombes. Tout juste quadragénaire, la journaliste revient avec férocité sur l’élection présidentielle de 1995 où elle a voté pour la première fois. « La fracture entre les élites et le peuple ? Le désastre de l’Éducation nationale ? Les crispation d’une société qui sent venir la mort de son modèle social ? Tout était déjà en germe dans cette élection », écrivait-elle samedi dernier dans une tribune du Figaro.

Les causes de la « lente décrépitude » du pays étaient déjà là en cette époque où notre génération tenait les manettes. Et quelques-uns les voyaient clairement ; Natacha Polony en pinçait pour Philippe Séguin. Ce fut Alain Juppé qui obtint Matignon : la quintessence du baby-boomer droit dans ses bottes et tordu dans sa politique. Ils viendront cracher sur nos tombes ? Tout est déjà en germe dans la tribune de la terrible Natacha.

mercredi 13 mai 2015

Pléistocène renouvelable

Jean-Lucien Hardy, un fonctionnaire européen dont le métier lui laisse le loisir de bloguer d’abondance chez Médiapart, a profité des commémorations du 8 mai 1945 pour « redécouvrir des évènements qui ont profondément influencé toute l'histoire récente, mais dont les faits ont tendance à s'estomper dans ma mémoire, comme n'importe quel souvenir ». Ces faits s’estompent d’autant plus aisément de sa mémoire qu’ils ont eu lieu largement avant sa naissance !

Nous baby-boomers, nous ne connaissons pas la Deuxième guerre mondiale par les faits mais par ce qu’on nous en a dit. « Ma génération d'après guerre a eu la chance d'être bercée par des parents, des grand-parents et toute une génération des gens profondément marqués par la barbarie nazie qui avait saccagé leur jeunesse », écrit d’ailleurs Jean-Lucien Hardy. Il serait juste de dire que la plupart de ces gens « profondément marqués par la barbarie nazie » n’en ont eux-mêmes pas vu grand chose d’autre que des patrouilles de troufions d’une barbarie toute relative. Nos parents n’habitaient pas tous Tulle ou Oradour-sur-Glane. En réalité, notre jeune âge en a été bien plus « saccagé » que le leur, car nous avons tous entendu des récits horribles à propos de faits dont nos parents n’avaient rien su en leur temps.

« J'ai appris bien des choses que je me suis empressé de raconter à mes enfants », ajoute M. Hardy avec une logique toute relative : si ce sont des choses qu’il a apprises, ce ne sont pas des faits dont il se souvient. Et ses enfants ne pourront dire autre chose que : « mon père m’a dit qu’il avait entendu à la télévision que… ». Notre génération aura vécu dans un grand confusionnisme mémoriel ! Tout ça pour finir par un alzheimer, c’était bien la peine !

mardi 12 mai 2015

Tandis que nous déclinons, les océans montent

L’élévation du niveau des océans a-t-elle ralenti depuis dix ans ? Les observations par satellite le disaient, et nous aurions bien voulu les croire. Cela nous aurait un peu dédouanés : la montée des eaux et donc le réchauffement climatique auraient donc d’autres causes que nos méfaits écologiques. Ou même, l’action de notre génération aurait amélioré la situation…

Hélas, la revue Nature Climate Change a publié hier un article qui montre que le ralentissement de la montée des eaux est une simple erreur de calcul : les relevés satellitaires étaient faussés par l’imprécision des instruments. En réalité, une fois les données corrigées, le niveau des océans a monté plus vite au début du 21e siècle qu’à la fin du 20e siècle.

dimanche 10 mai 2015

On l’aimait bien, JMLP

Jean-Marie Le Pen suspendu du Front National : les Français trouvent ça très bien, selon un sondage Odoxa pour le Journal du Dimanche. Le respect pour les vieilles gloires se perd, et je ne dis rien de ce que ça va être pour les non-gloires, c’est-à-dire l’immense majorité d’entre nous.

Pour 84 % des électeurs de droite, la suspension de JMLP est une bonne chose pour le Front National. Curieusement, seuls 70 % des sympathisants de gauche sont du même avis : seraient-ils plus attachés au vieux chef que les gens de droite ? C’est bien possible. Cela révèle le vieillissement de l’électorat de gauche : les baby-boomers votent massivement à gauche et sont plus attachés à JMLP. Cela fait plus de trente ans que notre génération le conspue : il va nous manquer.

jeudi 7 mai 2015

Dur à la tâche, mou du genou

« La génération du baby-boom, dure à la tâche, a donné le meilleur d’elle-même pour ses enfants », assurait voici peu Jean-Paul Delatte (jpdelatte) dans une chronique d’AgoraVox. Mais il notait aussi que « la génération des papis a longtemps vécu sur des postes à vie, stables et pérennes ». Dans ces conditions, être dur à la tâche, c’est moins dur !

Jean-Paul Delatte admet pourtant que tout ne va pas si bien dans ce monde où ceux qui tiennent le gouvernail, « c’est, pour une bonne partie, toujours et encore [sa] génération, celle des baby-boomers, les papis d’aujourd’hui ! » Le volume du code du travail a triplé, constate-t-il par exemple(1). Était-ce pour nos enfants que l’avons ainsi développé ? Certes pas ! Nous l’avons enflé à la mesure de nos chevilles.

Nous seniors, nous avons sûrement des leçons à prodiguer aux jeunes générations. Mais il vaudrait mieux arguer de nos erreurs et des enseignements que nous en avons tirés. Arguer de nos mérites, franchement, ça n’est pas très crédible.
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mercredi 6 mai 2015

Ça commence à cracher en Italie

Les baby-boomers italiens ont du mouron à se faire. La jeune classe commence à ajuster le tir. Matteo Renzi a dénoncé avant-hier à Milan le système de copinage en vigueur depuis vingt ans dans son pays. « Ce pays a un problème de classe dirigeante », a-t-il déclaré. « Le système relationnel dans lequel journaux, entreprises, banques,  fondations et partis politiques avançaient la main dans la main, ce système est mort. » Et si jamais le système bouge encore, le premier ministre italien ne cache pas sa volonté de lui donner le coup de grâce. Moyennant quoi, il se dit optimiste pour les vingt années à venir.

dimanche 3 mai 2015

Bouffer leur héritage

En France, 21 % des 55-64 ans pensent qu’il vaut mieux dépenser tout son argent que de laisser quelque chose à la génération suivante. C’est l’un des enseignements de The Future of Retirement – Choices for later life, une étude mondiale réalisée par la banque HSBC.

Les égoïstes sont largement majoritaires : 12 % seulement des 55-64 ans français veulent épargner un max au profit de leurs héritiers. Ces proportions sont proches de celles constatées mondialement. Mais est-ce une consolation pour nos enfants ?

vendredi 1 mai 2015

Notre retraite ne fera pas baisser le chômage

Le redoutable Charles Sannat a encore frappé. La retraite des baby-boomers n’améliorera pas l’emploi, annonce-t-il. Il l’a écrit dans Économie matin : l’idée que les départs en retraite vont faire baisser le chômage est une « idiotie ».

S’il y en a un qui se prépare à venir cracher sur nos tombes, c’est bien Charles Sannat, économiste non conformiste auteur du blog Le Contrarien. Au lycée, sa prof d’économie lui expliquait qu’un avenir radieux s’ouvrait à sa génération sur le marché du travail du milieu des années 1990. Sauf que, écrit-il « ma génération fut la première à connaître au mieux les salaires stagnant, la pression des résultats, les changements de méthodes managériales, et bien évidemment le chômage de masse ».

Or pour la suite, ça ne s’annonce pas mieux : nous savons presque tout produire avec un minimum d’intervention humaine, donc sans emploi. Notre génération aurait dû le prévoir, car elle a déjà vu le phénomène se produire : l’agriculture, qui employait 60 % des travailleurs, a connu un exode massif. Jamais elle n’a recréé d’emplois, et il en ira de même dans l’industrie.

Nous, baby-boomers, faisons mine de croire que notre départ en retraite libère des emplois pour nos enfants. Sous-entendu : puisque vous héritez de la boutique, il est normal que vous nous versiez une rente. En réalité, nous les laissons se débrouiller avec une situation que nous avons refusé de prévoir.