mercredi 13 mai 2015

Pléistocène renouvelable

Jean-Lucien Hardy, un fonctionnaire européen dont le métier lui laisse le loisir de bloguer d’abondance chez Médiapart, a profité des commémorations du 8 mai 1945 pour « redécouvrir des évènements qui ont profondément influencé toute l'histoire récente, mais dont les faits ont tendance à s'estomper dans ma mémoire, comme n'importe quel souvenir ». Ces faits s’estompent d’autant plus aisément de sa mémoire qu’ils ont eu lieu largement avant sa naissance !

Nous baby-boomers, nous ne connaissons pas la Deuxième guerre mondiale par les faits mais par ce qu’on nous en a dit. « Ma génération d'après guerre a eu la chance d'être bercée par des parents, des grand-parents et toute une génération des gens profondément marqués par la barbarie nazie qui avait saccagé leur jeunesse », écrit d’ailleurs Jean-Lucien Hardy. Il serait juste de dire que la plupart de ces gens « profondément marqués par la barbarie nazie » n’en ont eux-mêmes pas vu grand chose d’autre que des patrouilles de troufions d’une barbarie toute relative. Nos parents n’habitaient pas tous Tulle ou Oradour-sur-Glane. En réalité, notre jeune âge en a été bien plus « saccagé » que le leur, car nous avons tous entendu des récits horribles à propos de faits dont nos parents n’avaient rien su en leur temps.

« J'ai appris bien des choses que je me suis empressé de raconter à mes enfants », ajoute M. Hardy avec une logique toute relative : si ce sont des choses qu’il a apprises, ce ne sont pas des faits dont il se souvient. Et ses enfants ne pourront dire autre chose que : « mon père m’a dit qu’il avait entendu à la télévision que… ». Notre génération aura vécu dans un grand confusionnisme mémoriel ! Tout ça pour finir par un alzheimer, c’était bien la peine !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire