mardi 30 juin 2015

Baby-boom nucléaire : comme un pétard mouillé

Greenpeace n’a jamais aimé l‘énergie nucléaire. Le rapport « Nucléaire français : l’impasse industrielle » que l’organisation vient de publier n’est pas vraiment une surprise. Mais, entre les lignes, ce rapport établi par WISE est plus critique encore envers notre génération qu’envers le nucléaire. Voici ce qu’écrivent les auteurs :

« La situation de crise profonde dans laquelle est plongée la filière nucléaire française ne constitue pas, même si sa soudaineté et son ampleur peuvent surprendre même les observateurs les plus critiques, une véritable nouveauté. Elle représente en effet l’aboutissement d’une stratégie engagée à la fin des années quatre-vingt-dix dont les fondamentaux apparaissent depuis longtemps erronés. » En bref, Areva et les pouvoirs publics français ont cru à un essor commercial du nucléaire dans le monde et se sont engagés aveuglément dans une mauvaise voie depuis vingt ans. Depuis vingt ans, tiens, tiens : les baby-boomers auraient-ils fait des bêtises une fois arrivés aux commandes ?

« Il revient aujourd’hui au Gouvernement de reprendre son rôle d’État stratège pour assumer sa part de l’échec », poursuit le rapport. Est-ce bien raisonnable ? Pourquoi un gouvernement qui a toujours validé hier la stratégie d’EDF et Areva se débrouillerait-il mieux demain ? Serait-ce, horrible soupçon, parce qu’il est passé des mains des baby-boomers à celles de la génération suivante ?

lundi 29 juin 2015

Ils viendront cracher sur nos tombes en fauteuil roulant

On a fêté en février dernier les dix ans de la loi du 11 février 2005 sur le handicap. Une loi pleine de bonnes intentions, grosse de bons sentiments, très représentative de l’Assemblée nationale sortie des élections de 2002. L’année de naissance moyenne de ses députés était 1948 : pour la première fois, les lois étaient faites par la génération des baby-boomers, élevée dans les idées de la Résistance et dans l’esprit de mai 1968.

Mieux encore : comme notre génération parvenait alors aux postes à responsabilité, ce serait à elle d’appliquer la loi ! Enfin, les bons sentiments allaient se concrétiser.

Le dixième anniversaire de la loi, en février dernier, a donné lieu à un concert de lamentations. « Loi handicap : un bilan amer dix ans après le vote », titrait par exemple 20 Minutes. Nous n’avions pas les moyens de nos bonnes intentions, ou nous ne les avons pas pris, ce qui revient au même : notre génération était massivement handicapée de la volonté.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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samedi 27 juin 2015

Star Spangled Baby-boomers

 Intéressant résumé de la situation des baby-boom américains dans Les Échos de mercredi. « Parfois, l’Amérique ressemble dangereusement à l’Europe », y constate Elsa Conesa, correspondante du journal aux États-Unis. Nos frères en baby-boom, eux aussi, vivront vieux, ce qui suscitera des besoin « potentiellement coûteux ». Les systèmes publics de pension sont désormais déficitaires et le complément devra être fourni par les retraités eux-mêmes grâce à des plans d’épargne que peu d’entre eux sont capables de gérer.

Comment feront-ils ? Oh ! leurs intentions paraissent claires. Déjà, les contribuables comblent le déficit de la retraite publique à hauteur de 23,5 %, au lieu de 13,4 % en 1962. On imagine qu’ils continueront dans cette direction, jusqu’à ce qu’un jour les jeunes générations come and spit on their graves. Reste à voir à quel point les jeunes Américains seront séduits par une solidarité intergénérationnelle à sens unique.

vendredi 26 juin 2015

L’espionnage américain redécouvert vingt ans après

Branle-bas de combat au gouvernement cette semaine parce que Wikileaks « révèle » que les Américains ont écouté les conversations de MM. Chirac, Sarkozy et Hollande. En voilà une nouveauté ! Il y a vingt ans déjà, une affaire d’espionnage américain contre la France avait secoué l’opinion. Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, avait tapé du poing sur la table. Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, avait fait mine de ne rien voir. On était alors en pré-campagne présidentielle. Pasqua soutenait Balladur, Juppé soutenait Chirac. Chirac avait gagné et nommé Premier ministre le « meilleur d’entre nous », Alain Juppé, baby-boomer né en 1945.

Qu’a fait ce dernier alors contre l’espionnage américains ? Sans doute pas ce qu’il fallait, puisque Wikileaks nous apprend maintenant que le président Chirac était écouté. Décidément, notre génération a su faire preuve d’incurie dans les domaines les plus divers et les plus inattendus !

jeudi 25 juin 2015

Ils viendront cracher au bassinet pour maintenir nos retraites

À voir ce qui attend les retraités grecs demain, on commence à se demander ce qui nous attend après-demain. Un régime de retraite complémentaire par répartition peut-il se trouver en faillite ? se demande judicieusement le réseau d’informations sociales Miroir social dans un article en provenance de FO. « La réponse est claire : non ! » répond-il aussitôt. Qui dit répartition dit… répartition : le régime « répartit sur les pensionnés les cotisations qu’il encaisse ».

Excellent principe, que l’AGIRC et l’ARRCO n’appliquent pas vraiment. Pendant une douzaine d’années, les deux régimes ont fait des économies en encaissant plus de cotisations qu’ils ne versaient de retraites. Depuis une demi-douzaine d’années, c’est l’inverse : ils versent plus de retraites qu’ils n’encaissent de cotisations. Les premiers retraités du baby-boom ont donc échappé au couperet jusqu’à présent.

« Une étude demandée par notre confédération prouve que la crise qui sévit depuis 2007 est la première cause de ces déficits », ajoute FO. « Nous avons déclaré depuis le début que la responsabilité de cette crise n’était pas du fait des salariés (actifs, chômeurs ou retraités). » Conclusion logique : crise ou pas crise, papy-boom ou pas papy-boom, déficit ou pas déficit, on réclame que les retraites restent sans changement. C’est-à-dire, d’une manière ou d’une autre, que la génération suivante paie davantage pour que les derniers retraités du baby-boom échappent eux aussi au couperet…

mercredi 24 juin 2015

Qu’auront-ils à cracher s’ils n’ont plus rien à boire ?

Cocorico : les tarifs français de l’eau sont inférieurs de 13 % à la moyenne européenne. La FP2E, alias la fédération professionnelle des entreprises de l’eau, vient de le révéler dans son 10ème baromètre des prix des services d’eau en Europe. Voilà au moins un domaine où notre génération a réussi.

Hélas, la FP2E ajoute ce bémol : « Actuellement, 0,6% des réseaux d’eau potable est renouvelé en moyenne chaque année. A ce rythme, il faudrait 160 ans pour les remplacer, alors que la durée de vie d’une canalisation est en principe de 30 à 80 ans. » Pour payer l’eau moins cher, nous faisons des économies sur l’entretien en laissant les réseaux se dégrader. Bah ! dans 30 à 80 ans, ça sera l’affaire de nos successeurs.

mardi 23 juin 2015

Les terroristes font peur aux vieux mais les délaissent

Les seniors ont bon moral, révèlent les sondeurs de BVA à la suite d’une enquête effectuée ces dernières semaines. « Heur-reux », tels se disent 70 % des Français âgés de 65 ans et plus – pas uniquement des baby-boomers, donc, mais quand même une bonne moitié d’entre eux. Et 70 %, c’est beaucoup mieux que la moyenne des Français, qui n’est que de 58 %.


Et pour l’avenir, qu’est-ce qui nous inquiète le plus ? Notre santé ? Même pas : notre angoisse majeure est la montée du terrorisme. Qui ne serait probablement pas un sujet d’inquiétude si nous n’avions pas abandonné toute politique d’assimilation des immigrés depuis une vingtaine d’années. En plus, c’est idiot. On a vu des terroristes s’attaquer à un journal, à un supermarché, à une école… On n’en a jamais vu s’attaquer à une maison de retraite. Nous ne les intéressons même pas.

lundi 22 juin 2015

Vingt ans perdus dans la conservation artistique

À la première crue centennale de la Seine, 70 % des réserves du Louvre sont inondées. Si cela arrive demain, des trésors irremplaçables se trouvent noyés. Le Louvre prévoit donc d’installer ses réserves à Lens-Liévin. Un projet qui coince un peu, dirait-on. Au point que le président du Louvre, Jean-Luc Martinez, et ses directeurs* viennent de publier dans La Tribune de l’Art un manifeste en sa faveur.

Qu’y apprend-on ? Que la préfecture de police de Paris alerte depuis 2002 sur les risques de crue centennale. Treize années se sont déjà écoulées sans vrai résultat – treize années pendant lesquelles l’essentiel du pouvoir a été entre les mains de notre génération de baby-boomers.

Et la localisation des réserves n’est pas tout. « Plus grave », écrivent les directeurs, « ces réserves n’ont plus évolué dans leur technologies depuis ces vingt dernières années » : pas d’espace dédié pour la décontamination, pas d’installations ad hoc pour les chantiers de photographie et de numérisation, etc. Décidément, les fameuses « vingt dernières années » ont été une période lamentable, dans le domaine artistique comme ailleurs. Mais c’était qui, au juste, les vingt dernières années ?
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* Françoise Gaultier, Vincent Rondot, Marielle Pic, Sébastien Allard, Sophie Jugie, Jannic Durand, Xavier Salmon, Yannick Lintz, Dominique de Font-Reaulx, Vincent Pomarède, Sophie Lemonnier, Anne-Solene Rolland

samedi 20 juin 2015

Les médecins sont pour nous, pas pour les jeunes

Le Parisien a publié mardi un reportage de Fanny Delporte sur une zone en manque de médecins généralistes. La Lozère ? Le Cantal ? Les Ardennes ? Non, Cachan, aux portes de Paris.

« On est en pleine pénurie de médecins alors qu’on sait depuis un moment qu’on arrive dans une période critique avec la génération du baby-boom qui part à la retraite », déplore un médecin cité par la journaliste. « C’est notre génération qui va devoir gérer la pénurie. » Forcément, on le sait depuis un moment : la démographie est une science exacte !

Notre génération ne s’est même pas souciée de savoir comment elle serait soignée demain. Creuser la dette publique, passe encore : il suffirait de pressurer davantage les contribuables de la jeune génération. Pas joli-joli, mais envisageable. En revanche, comment faire travailler davantage les médecins de la jeune génération ? Leurs journées n’ont que 24 heures, comme les nôtres. Et dire que nous avons toujours été partisans de réduire l’offre de soins avec les 35 heures tout en augmentant la demande avec la CMU et l’AME…

Finalement, c’est quand même la jeune génération qui supporte notre impéritie : la plupart des médecins de Cachan ne prennent plus de nouveaux patients, note Fanny Delporte. Ainsi, nous sommes tranquilles, nous, ce sont les jeunes qui seront moins bien soignés. Ils viendront cracher sur nos tombes leurs glaviots chargés de microbes.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !
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jeudi 18 juin 2015

Faut-il nous amputer des 20 ou des 40 dernières années ?

Le Collectif Phénix fait plus fort que le Comité Orwell : si le second critique tout ce qui ne s’est pas fait depuis vingt ans, le premier déplore l’absence de « ces réformes, que la France attend depuis 40 ans ». Deux fois plus, est-ce deux fois pire ? En tout cas, c’est encore plus grave pour notre génération. Ainsi, nous n’aurions pas réalisé, une fois au pouvoir, des réformes auxquelles pourtant nous aspirions depuis longtemps ? À moins que « la France » ne soit pas nous !

Ou à moins, ce serait un chouïa moins traumatisant, que les prédécesseurs du baby-boom n’aient été aussi lamentables que lui. Ma foi, ça se pourrait bien. Le Collectif Phénix évoque une « vague migratoire sans précédent » défiant toute tentative d’assimilation. Et il est vrai qu’elle a commencé en 1975 avec les mesures en faveur du regroupement familial. Le Collectif dénonce aussi « une Europe technocratique vidée de sa substance » qui était déjà en germe dans la CECA, voici même plus de quarante ans donc.

Maintenant, savoir si nous avons fait pire que nos aînés ou pas mieux qu’eux ne change rien à la leçon finale…

mercredi 17 juin 2015

Le cadeau des baby-boomers à l’État islamique

Le nom Comité Orwell semble renvoyer à 1984. En fait, on l’a déjà signalé, le Comité ne regarde pas si loin en arrière : les vingt dernières années lui suffisent. Jean-Michel Quatrepoint est l’un de ses fondateurs (avec Eugénie Bastié, Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy et Natacha Polony). Le Figaro l’a interrogé récemment sur la situation au Moyen-Orient et en Afrique. Selon lui, « un super État islamique aux portes de l’Europe est possible ».

Qu’y faire ? Intervenir militairement ? Pas moyen, répond le journaliste, spécialiste de géopolitique, l’armée française est « exsangue ». Pour une raison très simple : cela fait vingt ans que les gouvernements successifs réduisent le budget de la défense. Nous en payons le prix aujourd’hui. »

Là, Jean-Michel Quatrepoint se trompe sûrement : nous n’en payons pas le prix aujourd’hui puisque nous assistons aux événements en spectateurs ou guère de mieux. Les économies que nous avons faites depuis vingt ans (sans les économiser pour autant…), ce sont nos enfants qui paieront le prix pendant vingt ans. Ou pendant vingt siècles ?

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mardi 16 juin 2015

Baby-boomers crépusculaires

Qui donc accuserait les baby-boomers d’ultralibéralisme ? Nous sommes une génération socialiste. Notre arrivée à la majorité électorale a déclenché une vague rose dans les urnes, nous avons massivement voté pour les présidents de gauche et si nous pensions à droite nous n'osions pas le dire à nos amis. Et voilà que l’un des nôtres, André Ropert, vient écrire dans son blog de L’Express : « C’est avec l’arrivée à l’âge adulte de la génération du baby-boom d’après guerre que l’ultralibéralisme sociétal s’est imposé » ?

Ah ! mais cet ultralibéralisme est « sociétal » ! Avec le social, nous imposons des contraintes aux autres, avec le sociétal, nous refusons les contraintes pour nous. « Le dernier quart du XX° siècle verra s’épanouir l’individualisme hédoniste, le rejet du règlement et des disciplines, le triomphe de l’égocentrisme », souligne André Ropert. Jouir sans entraves, clamions-nous en mai 1968 !

Alors, évidemment, si le sociétal ne connaissait plus de bornes, il n’est pas très étonnant que le social ait suivi. Les emplois se sont délocalisés, les conditions de travail se sont durcies, la finance est devenue plus impitoyable. Nous avons versé une petite larme, mais nous n’allions pas changer de manière de faire pour autant !

Or les choses commencent à évoluer, « on sent sourdre comme un nouveau besoin d’ordre, sinon d’autorité », note André Ropert, qui intitule sa chronique : « Crépuscule de l’ultralibéralisme ? » Mais non, pas du tout, c’est seulement le crépuscule des baby-boomers !

lundi 15 juin 2015

Servilité, précarité, pénibilité

« C’est drôle comme on incrimine souvent les vingt dernières années », disait-on ici il y a quelques jours. Dès qu’on regarde autour de soi, les exemples affluent. Yves de Kerdrel s’en est pris voici peu aux démolisseurs de la valeur travail. « Moins il y a de travail disponible en France, plus celui-ci est attaqué en termes de valeur », écrivait-il le 3 juin dans Le Figaro.

Le travail est un moyen d’épanouissement personnel, de convivialité, de progrès social, mais on s’acharne à y voir d’abord servilité, précarité et pénibilité. Et l’éditorialiste de dénoncer « toutes ces attaques systématiques contre la valeur travail, entamées il y a près d’une vingtaine d’années ».

Yves de Kerdrel assure que derrière ces attaques, « les syndicats ne sont jamais très loin ». Sans doute. Mais il devrait noter que les syndicats d’autrefois ne montraient pas la même hostilité envers le travail en tant que tel. Ils s’en prenaient aux patrons, pas au travail. Les syndicats ont changé à partir du moment où les baby-boomers en ont pris la tête. Nous qui, jeunes, scandions « Sous les pavés la plage », nous n’avons jamais aimé le travail.

samedi 13 juin 2015

Chèques en gris

« Les baby-boomers font des chèques à leurs enfants, il faut généraliser ce système privé », assure le chercheur Bruno Palier, interrogé par Théodore Terschlusen dans La Voix du Nord voici quelques jours. Oui, enfin… tous les baby-boomers n’ont pas des enfants à qui faire des chèques et tous les enfants n’ont pas des parents de qui recevoir des chèques. Et généraliser un système privé revient à le rendre public, avec tout ce que ça signifie de mécanique administrative, et de grains de sable susceptibles de gripper ladite mécanique.

Toute redistribution pose problème. L’idéal serait de se débarrasser du « re- » : éviter que l’argent ne passe par les vieux pour aller aux jeunes. Comme le note justement Bruno Palier, « si tout le monde a vu que le troisième âge s’étend, on voit moins que la jeunesse aussi s’allonge ». Et qu’est-ce que la jeunesse ? « Aujourd’hui, c’est dix ans de galère : études, emplois précaires, pas de logement… »

Après tout, il y a peut-être une sorte de justice là-dedans : aux jeunes la jeunesse, aux vieux les pépètes. Hélas, l’argent ne fait pas le bonheur des vieux, tandis que son absence pourrit la vie des jeunes…
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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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vendredi 12 juin 2015

Coup de vieux socialiste à Poitiers

Pendant que Manuel Valls applaudissait le Barça dans un stade de Berlin, le congrès du Parti socialiste s’ennuyait à Poitiers. Le Canard enchaîné a rapporté avant-hier les commentaires désabusés de plusieurs personnalités (Christian Paul, Pierre Schapira, Michèle Sabban, Martine Roure…). « Sommes nous en train de prendre un coup de vieux ? », demande Michel Moyrand, ancien maire de Périgueux battu l’an dernier par Antoine Audi.

Michel Moyrand est un baby-boomer né en 1949. À 66 ans, sa question est forcément rhétorique ! Pourtant il ajoute : « Je ne pense pas. » Il était plus lucide voici quelques semaines quand il déclarait à Sud-Ouest : « je pense qu'il est l'heure de passer la main à une nouvelle génération. Je vois bien que nos concitoyens attendent de nouvelles têtes en politique ». Mais sa question de Poitiers dépasse sa propre personne : c’est tout le PS, largement peuplé de sexagénaires, qui est en train de prendre un coup de vieux. 

jeudi 11 juin 2015

Le Comité Orwell crache sur les vingt dernières années

Sommes-nous, en 2015, à la veille de 1984 ? Les six journalistes qui viennent de créer le Comité Orwell le pensent. Leur manifeste publié dans la rubrique Idées du Monde décrit « des multinationales toujours plus puissantes qui (…) règnent sur la vie de l’homo economicus », « des États croupions qui ne servent plus qu’à encadrer la vie quotidienne d’un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre », « un système médiatique où l’injure, la provocation, l’excommu-nication, le spectacle l’emportent sur la recherche patiente des faits ».

On n’en est pas là par hasard. Les fondateurs du Comité Orwell ne nous l’envoient pas dire : « les choix de ces vingt dernières années, sont loin d’être anodins. Le monde que l’on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d’Orwell. » Les « choix de ces vingt dernières années », évidemment, ce sont les nôtres : la génération du baby-boom n’a pas seulement foiré l’économie, l’urbanisme, l’environnement, l’intégration, la culture mais aussi les institutions politiques et la morale publique.

C’est drôle comme on incrimine souvent « les vingt dernières années » ou « les dix dernières années ». Ce n’est pas le temps qui fait les choix, bien sûr ! Ces jeunes journalistes ont la courtoisie de ne pas nous incriminer explicitement, mais on sent bien qu’ils viendront cracher sur nos tombes le jour venu. Jeunes journalistes ? Aux côtés d’Eugénie Bastié, Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy et Natacha Polony figure un vrai vieux, Jean-Michel Quatrepoint. Un traître à sa génération ? Non : né en juin 1944, il est d’avant le baby-boom. 

mardi 9 juin 2015

Les baby-boomers ont manqué le train

Les trains Intercités, ex Corail, font grise mine : le rapport TET : agir pour l’avenir, alias rapport Duron, les décrit comme un « maillon faible entre TGV et TER ». Le public y est attaché mais ressent, souligne le député socialiste Philippe Duron, une « exaspération face à une offre qui se dégrade depuis plus de vingt ans tant au niveau du service que du matériel ».

« Depuis plus de vingt ans » : une fois de plus, notre génération est mise en cause, implicitement mais très évidemment. Les trains d’autrefois partaient et arrivaient à l’heure. Nous avons laissé l’essentiel du réseau se dégrader peu à peu, sans rien décider, misant plutôt l’argent des contribuables sur le TGV ‑ à bien des égards l’antithèse de l’aménagement du territoire – et sur les TER – luxe ostentatoire des potentats régionaux.

Nous le savions bien, pourtant, que les choses allaient mal tourner. En 1995, le rapport Barel avait proposé des mesures de soutien – qui n’ont pas été prises. En 2005, un groupe de travail tripartite entre l’État, les régions et la SNCF avait examiné un dispositif de conventionnement sans parvenir à rien de concret.

Les matériels roulants avaient pour l’essentiel été mis en service dans les années 1980, avant l’arrivée au pouvoir des baby-boomers ; il était évident que ni les uns ni les autres ne dureraient toujours. Le premier renouvellement significatif interviendra en 2017, une fois l’essentiel des baby-boomers partis en retraite. Nous avons regardé passer le train, façon bovins – baby-boozeux.

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lundi 8 juin 2015

Qui crachera sur quelles tombes ?

Quand on s’appelle Anne Hidalgo, inviter le roi d’Espagne à une cérémonie en l’honneur d’anciens combattants espagnols paraît assez naturel, non ? Pas sûr. Hier, dans L’Humanité, Jean Ortiz, enseignant palois, critiquait vertement l’inauguration par la maire de Paris, le 3 juin, d’un « jardin des combattants de la Nueve ». La « Nueve », c’était la 9ème compagnie de la 2ème DB, formée en majorité de volontaires espagnols, qui a participé à la libération de Paris le 24 août 1944.

Motif du courroux de M. Ortiz : la présence à la cérémonie du roi d’Espagne Felipe VI. Dans son discours, celui-ci n’a pas prononcé une seule fois le mot « républicain » ce qui, écrit M. Ortiz, « relève de la profanation ». Et ce n’est pas rien, une profanation ; l’Académie française la définit comme une « irrévérence à l'égard d'une chose sainte, d'un lieu sacré ». Ah ! si seulement le discours avait été prononcé par Nicolas Sarkozy, on en aurait eu du républicain !

Rejouer sans cesse les combats menés par nos aînés il y a trois quarts de siècle suffit-il à faire oublier que notre génération s’est abstenue de relever les défis qui se présentaient à elle ? M. Ortiz intitule sa tribune : « Dégoûtant ! J’irai cracher sur vos tombes ! » Le baby-boomer qu’il est devrait plutôt se demander qui viendra cracher sur la sienne. 

samedi 6 juin 2015

Éloge portuaire du baby-boom

Le premier port français, c’est… Rotterdam ! Du moins, ça le sera bientôt, explique Jacques Attali sur son blog. La construction d’un nouveau canal entre Compiègne et Cambrai, décidée en catimini, assurera la victoire définitive du port néerlandais sur celui du Havre.

Jacques Attali expose ainsi le problème : « La décision, à prendre depuis dix ans, était de savoir si on tente de donner un avenir aux ports français, ou si on y renonce en améliorant les capacités de transit du cœur de notre pays, l’ile de France, vers les ports d’Europe du nord. »  On note que la décision était à prendre depuis dix ans : bel exemple de la procrastination assidûment pratiquée par notre génération

Et pour aboutir à quoi ? Le gouvernement a fini par faire « le pire choix possible, (qui) détruit Le Havre au profit d’Anvers et de Rotterdam ». Qui plus est, le choix qui impose les chantiers de travaux publics les plus coûteux (horrible soupçon : se pourrait-il que ceci explique cela ?). Le Havre en mourra, assure Attali. Rouen suivra à bref délai. Puis Paris. Et le polypenseur de conclure : « Ceux qui auront pris cette néfaste décision ne seront plus là depuis longtemps. » Décidément, même dans les détails les plus inattendus, cela aura été un leitmotiv de la génération du baby-boom : laisser les générations suivantes assumer les conséquences de ses actes.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres.
La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !
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vendredi 5 juin 2015

Notre génération de gauche a ruiné ses propres idées

« C’est quoi, la gauche contemporaine ? » demande L’Obs au premier secrétaire du parti socialiste. Jean-Christophe Cambadélis ne sait que répondre : liberté, égalité fraternité. Baby-boomer né en 1951, le voilà décontenancé non seulement par les déboires électoraux de son parti mais par l’évaporation de ses idées.

Élevée dans l'esprit de la Résistance et passée à l’âge adulte dans celui de mai 68, notre génération est massivement de gauche. Arrivée aux postes de commande vers la fin du 20e siècle, elle a imposé ses idées à peu près partout où il y avait place pour des idées : dans la presse, l’administration, l’enseignement, la littérature…

Or que dit Jean-Christophe Cambadélis à L’Obs ? « La faillite électorale est la conséquence d’un cycle long où depuis vingt ans nous reculons constamment. » Le recul s’est amorcé à partir du moment où la noria des générations nous a amenés au pouvoir ! Nous n’avons pas seulement ruiné les finances publiques, nous avons ruiné notre propre idéologie. 

jeudi 4 juin 2015

Saint-Nizier, priez pour nous, baizy-boomers

Vous vous souvenez d’Ulla et de Barbara ? Elles étaient les porte-parole de la centaine de prostituées qui avaient envahi l’église Saint-Nizier de Lyon pour protester contre la répression policière envers leur profession. C’était début juin 1975, il y a tout juste quarante ans.

Le monde entier en avait parlé. Notre génération était jeune alors, et sans doute peu cliente de cette corporation, mais nous avions ressenti un grand mouvement de sympathie envers ces femmes (sauf exceptions) victimes à la fois d’exploitation et de répression. Il fallait que ça change !

Et qu’avons-nous fait quand nous avons tenu les rênes ? Nous avons juste aggravé leur situation en créant le délit de racolage en 2003. Dans le même temps, nous avons laissé la prostitution se développer considérablement ‑ c’est chaud, une ville, la nuit ‑ une prostitution d’abattage, quasi esclavagiste,organisée par des réseaux étrangers.

Plusieurs dizaines de prostitué(e)s ont marqué le quarantième anniversaire de l’action d’Ulla et Barbara en manifestant devant Saint-Nizier mardi dernier (voir le reportage d'Olivier Denoyelle et Pierre Lachaux sur France 3). Elles nous renvoient l’image de notre inconséquence. Nous, baby-boomers, nous nous moquions de l’ordre moral revendiqué par la génération de nos parents ? L’ordre humaniste de la nôtre a fait pire !

mercredi 3 juin 2015

Le baby-boom, plus dommageable que les écologistes pour le nucléaire français

Les malheurs d’Areva, le géant français du nucléaire, s’étalent dans la presse. Pertes énormes, licenciements, recomposition du capital, retards des chantiers à Flamanville et en Finlande, c’est la cata. Et c’est encore une fois le brillant résultat de décisions prises par la génération du baby-boom.

Le grand programme nucléaire français du dernier quart du 20e siècle a été l’œuvre de Framatome. Une entreprise née du secteur privé, créée par Schneider, Merlin-Gérin et le groupe américain Westinghouse autour de la filière à eau sous pression, supérieure à la filière française graphite-gaz cultivée par les partisans d’une politique de « champions nationaux ».

Voici une quinzaine d’années, emmenés par des baby-boomers du corps des Mines, l’État et ses bras armés (CEA-Cogema, EDF, CDR…) ont mis la main sur le groupe bâti par Jean-Claude Leny. Framatome a été englobé dans le nouveau groupe Areva. Sa culture de métallurgiste, héritée de Creusot-Loire à la génération précédente, s’est délitée dans une ambiance politico-polytechnicienne. Un mariage avec la branche nucléaire de Siemens lui a été imposé au nom de l’entente franco-allemande ; il en est sorti l’EPR, cause des déboires industriels actuels.

Les baby-boomers qui ont fait Areva sont aujourd’hui en retraite. Ceux qui l'ont défait aussi. À la génération suivante de se débrouiller pour renflouer et relancer l’entreprise.

mardi 2 juin 2015

L’économie collaborative tourne la page de notre génération

La MAIF est en pleine expansion. Et le grand assureur mutualiste entend bien continuer en devenant l’assureur de référence de la consommation collaborative. La consommation collaborative ? Vous savez bien : Blablacar, AirBnB, financement participatif et toute cette sorte de choses.

Ce ne serait donc pas une mode temporaire ? Non, répond Dominique Mahé, président de la MAIF, cité par La Nouvelle République : « Certes, il y a un phénomène conjoncturel lié à la crise. Mais plus fondamentalement, les jeunes générations, via les outils digitaux, sont davantage prêtes à favoriser le partage que la génération du baby-boom, qui a plutôt privilégié l'individualisme. »

Notre génération, qui vote massivement socialiste, a un comportement massivement individualiste – et il faut que ce soit un mutualiste qui nous le dise ! Nos enfants ne sont pas comme nous en plus jeunes. Ils pensent autrement. Ils viendront cracher sur nos tombes, mais collaborativement. 

lundi 1 juin 2015

Peu d’Immortels chez les baby-boomers

« En fait-on trop avec l'entrée de Dany Laferrière à l’Académie française ? » se demandait L’Obs vendredi dernier. En tout cas, on ne fait pas vite : la réception du nouvel académicien a eu lieu jeudi dernier alors que son élection datait de près de deux ans. Entre les quatre morts illustres du Panthéon et le nouvel Immortel du quai Conti, François Hollande cultive l’intronisation ces temps-ci…

Laferrière est né en 1953. Ce qui prouverait donc que notre gérération de sexagêneurs compte quand même de bons écrivains ? Pas si vite ! Laferrière n’est pas un vrai baby-boomer : il est haïtien. Et son cas n’est pas unique.

Moins d’un quart des académiciens sont nés entre 1945 et 1955. Déjà, ça n’est pas beaucoup. Et parmi eux, hormis Dany Laferrière, Erik Orsenna (1947) est à moitié luxembourgeois et porte le nom d’une ville étrangère fictive, Amin Maalouf est né de parents libanais et Alain Finkielkraut de parents polonais. Parmi la petite trentaine d’Académiciens élus depuis 2000, il en est qui sont nés Algérienne, Belge, Britannique, Chinois, Haïtien, Libanais, Luxembourgeois ; même Valéry Giscard d’Estaing est né en Allemagne, tandis que les parents de Max Gallo étaient italiens et le père de Dominique Fernandez mexicain.