Sommes-nous,
en 2015, à la veille de 1984 ? Les six journalistes qui viennent de
créer le Comité Orwell le pensent. Leur manifeste
publié dans la rubrique Idées du Monde décrit « des multinationales
toujours plus puissantes qui (…) règnent sur la vie de l’homo economicus »,
« des États croupions qui ne servent plus qu’à encadrer la vie
quotidienne d’un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre », « un
système médiatique où l’injure, la provocation, l’excommu-nication, le spectacle
l’emportent sur la recherche patiente des faits ».
On n’en
est pas là par hasard. Les fondateurs du Comité Orwell ne nous l’envoient pas
dire : « les choix de ces vingt dernières années, sont loin d’être
anodins. Le monde que l’on nous construit commence à avoir quelques
ressemblances avec celui d’Orwell. » Les « choix de ces vingt
dernières années », évidemment, ce sont les nôtres : la
génération du baby-boom n’a pas seulement foiré l’économie, l’urbanisme,
l’environnement, l’intégration, la culture mais aussi les institutions
politiques et la morale publique.
C’est
drôle comme on incrimine souvent « les vingt dernières années » ou
« les dix dernières années ». Ce n’est pas le temps qui fait
les choix, bien sûr ! Ces jeunes journalistes ont la courtoisie de ne pas
nous incriminer explicitement, mais on sent bien qu’ils viendront cracher sur
nos tombes le jour venu. Jeunes journalistes ? Aux côtés d’Eugénie Bastié,
Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy et Natacha
Polony figure un vrai vieux, Jean-Michel Quatrepoint. Un traître à sa génération ?
Non : né en juin 1944, il est d’avant le baby-boom.
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