lundi 30 novembre 2015

Les baby-boomers vont-ils se rattraper aux branches avec la COP21 ?

Pourquoi la COP est-elle 21 ? Parce qu’il y en a déjà eu vingt autres, à raison d’une par an. La France en a toujours été l’un des grands participants, bien entendu. Notre génération a donc prouvé qu’elle se souciait de l’avenir climatique de ses enfants. Mais plus encore, elle a prouvé sa ridicule inefficacité : depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 45 %.

Bien entendu, nous pouvons alléguer plein de raisons plausibles. Mais en la matière, seul le résultat compte : nous n’avons pas pris les moyens de nos bonnes intentions. Pour la COP21, ceux qui tiennent la barre sont encore des membres du baby-boom : François Hollande, Laurent Fabius, Ségolène Royal… On fait des paris sur le résultat ?

mercredi 25 novembre 2015

Seniors en expansion : un oxymore

Le site Senior Actu revient sur l’étude effectuée par Seniorsphère Conseil auprès des baby-boomers voici quelques mois. « Le marché des seniors, et notamment celui des baby-boomers, est en pleine expansion », note le site. Rien que cela devrait être un sujet de scandale : par nature, la vieillesse n’est pas une période d’expansion (« D’ailleurs, d’une manière générale, en vieillissant, la consommation diminue… », constate Senior Actu un peu plus bas). Si notre marché est en expansion, c’est forcément, quelque part, que nous suçons le sang des jeunes.

« Le fait est que c’est cette génération qui a construit la société de consommation dans la quelle nous vivons actuellement », insiste Senior Actu : avons-nous vraiment lieu de nous en vanter ? L’expansion du marché des baby-boomers, soulignée aussi par le Cercle des épargnants voici quelques jours, est une bonne nouvelle pour les entreprises qui l’exploitent, bien sûr. Mais il vaudrait mieux ne pas trop la souligner auprès des jeunes générations priées de cracher au bassinet pour nourrir cette frénésie consommatrice.

dimanche 22 novembre 2015

Les jeunes entrepreneurs font mieux que les vieux

L’étude 2016 de BNP Paribas et Scorpio Partnership sur la création d’entreprise n’est pas très brillante pour la France. Mais elle l’est encore moins pour les baby-boomers. Intitulée L’Émergence du « millénipreneur », elle montre que les « millénipreneurs », entrepreneurs de moins de 35 ans issus de la « génération Y » née entre 1980 et 1995, font bien mieux que leurs aînés. Ce sont même des « serial entrepreneurs » qui ont créé en moyenne 7,7 entreprises, contre 3,5 pour les entrepreneurs baby-boomers. Ils réalisent un chiffre d’affaires supérieur de 43 %.

Et c’est tant mieux : peut-être pourront-ils ainsi nous payer des retraites pour lesquelles nous n’avons pas assez fait.

jeudi 19 novembre 2015

Des attentats en préparation depuis trente ans

Les morts du Bataclan sont surtout des jeunes. L'horrible tragédie parisienne n’est pas seulement un effet pervers de la guerre en Syrie. Les terroristes islamiques ne s’en seraient pas pris à la France si la France n’avait pas été pour eux un terrain de connaissance. De fait, le djihad recrute en France au sein d’une jeunesse musulmane qui ne se sent pas à l’aise dans le pays. Leurs parents ou leurs grands-parents sont arrivés en France pour travailler, puis les frustrations se sont accumulées. « Français » est écrit sur leur carte d’identité mais pas dans leur cœur.

Et pas dans le nôtre non plus. Aussi favorable à l’immigration que notre génération ait été sur le papier (voir mon livre p. 122 et suivantes), elle n’a pas su intégrer les immigrés ni les convaincre de s’assimiler. Peut-être ne tenaient-ils pas à nous ressembler – et comment le leur reprocher ? En tout cas, nous n’avons ni trouvé, ni vraiment cherché les moyens d’éviter la montée d’immenses déconvenues et le creusement d’une fracture massive.

Que la solution soit de combler cette fracture ou de l’accomplir pour de bon, elle incombera aux générations suivantes. Nous baby-boomers ne pourrons que contempler avec consternation les conséquences de notre incurie. 

samedi 14 novembre 2015

Vian et les vieux

Le titre de ce blog et du livre qui va avec (Ils viendront cracher sur nos tombes, Paris, Chapitre.com, 2015) doit évidemment quelque chose à J’irai cracher sur vos tombes, le polar publié en 1946 sous la signature de Vernon Sullivan, alias Boris Vian. Il y a là plus qu’un simple jeu de titres. Les failles éducatives qui ont fait de nous, baby-boomers, une génération irresponsable ne sont nulle part aussi visibles que chez Boris Vian.

Le narrateur de J’irai cracher sur nos tombes, Lee Anderson, est un blond à la peau claire, mais il se considère comme un noir parce qu’il a un huitième de sang noir. Il a quitté une ville du Sud américain où son jeune frère a été lynché pour avoir fréquenté une blanche. Il ne vit que pour le venger et assassinera dans des conditions atroces les deux plus jolies blanches qu’il ait pu trouver, Jean et Lou Asquith. Mauvaise conscience, racisme à l’envers, haine de soi et des autres, identité mal assurée : les thèmes sociaux qui empoisonnent le début du 21e siècle et qui auront taraudé une partie de notre génération étaient en germe dans ce livre que beaucoup de nos parents ont lu (J’irai cracher sur vos tombes a été un grand succès de librairie en 1947).

Comme l’immense majorité d’entre eux, Boris Vian avait quelque chose à se faire pardonner. À 22 ans, à la fin de ses études d’ingénieur, il était entré à l’Afnor à peu près au moment où le régime de Vichy la déclarait d’utilité publique. Tandis que les tout meilleurs de sa génération s’engageaient dans la Résistance, il consacrait ses loisirs à jouer du jazz dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. Le Déserteur pourrait bien être une tentative d’exorcisme de ses remords ! Boris Vian n’a pas montré plus de courage lors des poursuites contre J’irai cracher sur vos tombes ; il s’est même empressé de bricoler un « manuscrit original » en anglais pour accréditer l’existence d’un vrai Vernon Sullivan qui n’aurait pas été son pseudonyme.

Boris Vian est mort en 1959 avant que notre génération ne puisse apprécier ses nombreux ouvrages. Mais nous l’avons amplement redécouvert quand nous avons été en âge : L’Écume des jours, L’Arrache-cœur, L’Herbe rouge sont devenus des best-sellers à retardement dans les années 1960 et 1970. Nous y avons trouvé une petite musique qui nous parlait, un écho de notre enfance, nous nous y sommes reconnus. Qu’on les relise aujourd’hui : ces œuvres attachantes racontaient en fait un monde à la dérive, prisonnier de ses illusions, aussi brisé que le vase de Sully Prudhomme, notre monde à nous. J’irai cracher sur vos tombes finit mal. Nous aussi.

jeudi 12 novembre 2015

Ils salivent déjà sur nos tombes

Il y a quand même des gens qui ne viendront pas cracher sur nos tombes, tout au contraire. « L’arrivée du papy boom fait saliver les pompes funèbres », écrit allègrement Noémi Marois sur le site d’Europe 1. Cinquante mille décès de plus par an dans cinq ans, évidemment, ça ouvre des perspectives.


Le secteur du funéraire, qui pèse déjà 2,5 milliards d’euros par an, est promis à une expansion rapide. Enfin un secteur en bonne santé ! Croient-ils vraiment que nous allons nous réjouir de contribuer à leur prospérité par notre disparition ?

mardi 10 novembre 2015

Diminuer la retraite des vieux pour augmenter l’épargne des jeunes

Le Point titre sur « la baisse inexorable des retraites ». Ça commence à se savoir : les réformes de ces dernières années avaient beau annoncer un retour à l’équilibre, les recettes des caisses retraites augmentent moins vite que notre espérance de vie n’allonge. En l’état , le trou va se creuser jusqu’en 2030. Autrement dit, ne nous bouchons pas les yeux, jusqu’au moment où nous, baby-boomers, nous aurons débarrassé le plancher.

On dirait que ça fait l’affaire des vendeurs de produits financiers. « Les Français doivent financièrement anticiper leur retraite en commençant le plus tôt possible à se constituer une épargne individuelle », écrit Le Point. Mais avec quel argent nos enfants vont-ils se constituer cette épargne ? Oh ! ils ne tarderont pas à trouver une idée simple : diminuer nos retraites. 

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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samedi 7 novembre 2015

Ils viendront cracher dans notre soupe

On peut dire que le robot ménager ChefCuisine a bien réussi son entrée en scène : cette machine à terminer chez soi des plats gastronomiques sous vide a obtenu en un rien de temps de nombreuses parutions dans la presse, qui le présente parfois comme « le Nespresso du plat préparé ».


À l’origine de l’engin, deux quadragénaires : le Suisse Jonathan Pennella, ancien de chez Nestlé, et l’une des plus célèbres cuisinières françaises, Anne-Sophie Pic, patronne de la Maison Pic à Valence, trois macarons au Michelin, s’il vous plaît ! Jonathan Pennella assure avoir eu l’idée de l’engin après avoir constaté qu’il n’y a eu « aucune innovation majeure depuis dix ans » dans le domaine du matériel culinaire. Les baby-boomers sont peut-être fines gueules, mais les grandes innovations, les Seb et les Tefal, appartiennent à la génération d’avant. Nous n’avons pas montré beaucoup d’imagination électro-ménagère.

jeudi 5 novembre 2015

Sexagénaire, ça commence comme sexe et ça finit comme missionnaire

Annie Duperey, dans Voici, incite les sexagénaires à faire des galipettes. « Ce n’est pas le moment de remiser les outils au grenier », enjoint-elle. « On va tenter de s’en souvenir » commente Voici, qui souffre peut-être d’un alzheimer précoce.


L’actrice déplore que les scénaristes d’Une famille formidable, sur TF1, lui imposent « une chasteté progressive ». Son partenaire à l’écran, Bernard Le Coq, ne commente pas. Il préfère positiver en se réjouissant d’être suivi par « un noyau dur de spectateurs ». Ne reste-t-il de dur que le noyau ?

Ce blog vous parle ?
Parlez-en à vos amis, pourvu qu'ils aient plus de 60 ans !

mardi 3 novembre 2015

Des magazines pour baby-boomers plein les kiosques

Il y avait déjà Notre temps, Pleine vie, Senior plus, Vivre plus, Nouvelle vie magazine et quelques autres, sans parler de titres au lectorat chenu comme Le Pèlerin magazine, Burda magazine ou La Veillée des chaumières, voilà que le groupe Prisma lance Serengo pour les femmes retraitées : la ménagère de plus de 60 ans est très tendance de nos jours.

Tendance et jeune : « Vous serez vieux plus tard », assure le premier numéro (…mais que ça ne vous empêche pas d’acheter aujourd’hui, pense sans doute l’éditeur). Le marché de la presse marche sur deux jambes : les lecteurs et les annonceurs. Les deux doivent être là pour qu’un journal vive. Et il n’y a d’annonceurs que s’il y a de l’argent chez les lecteurs. La prospérité actuelle de la presse pour les nouveaux vieux révèle à quel point notre génération a les poches pleines.

Les jeunes journalistes publient désormais leurs articles à côté d’annonces pour des aides auditives ou des conventions obsèques. Pas sûr que ça les enthousiasme.

dimanche 1 novembre 2015

Quand les baby-boomers sont au pouvoir, le Front national monte

« Quand la gauche est au pouvoir, le Front national monte », avait dit Nicolas Sarkozy le 24 mars dernier sur RTL. Après d’autres, Laurent Fabius lui a répondu dimanche dernier dans Le Supplément sur Canal+ en soupçonnant un « alzheimer précoce » chez l’ancien chef de l’État. Car la leçon des trente dernières années est que le Front national progresse aussi bien quand le pouvoir est à droite que quand il est à gauche (ce que le FN lui-même confirmait implicitement en globalisant gauche et droite sous l’appellation « UMPS »).

Cette passe d’armes plutôt stérile entre baby-boomers (nés respectivement en 1946 et 1955) révèle surtout une chose : pendant toute la période où notre génération soixante-huitarde a occupé le champ politique, le Front national exécré par elle a gagné du terrain !

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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