jeudi 30 juillet 2015

Entre Hollande et Tsipras, une connivence mais vingt ans de différence

Ivan Rioufol fustigeait récemment dans Le Figaro « les deux dirigeants qui s’accrochent à leur État-providence financé sur le dos des générations futures », François Hollande et Alexis Tsipras. Ces générations, ajoute-t-il, « n’auront pas même les miettes de ce luxe devenu hors de prix ».

Mais il y a quand même une différence entre Hollande et Tzipras. Le président français est un baby-boomer né en 1954. Le premier ministre grec est né en 1974 (il souffle 41 bougies ce 28 juillet). Les vingt ans qui les séparent signifie que François Hollande aura quitté la scène avant que les effets de notre génération ne pèsent dans toute leur rigueur sur nos enfants, tandis que Tsipras devra assumer les conséquences de ses actes.

lundi 27 juillet 2015

À nos enfants de choisir s’ils euthanasient ou non les buralistes

Les ventes de tabac ont baissé de 20 % en dix ans. Est-ce un succès de notre génération baby-boomeuse ? On peut voir le verre aux quatre cinquièmes vide ou au cinquième plein.
Nous prétendons avoir pris conscience des effets sanitaires désastreux de la cigarette et nous nous y attaquons – disons-nous. Moins 20 % en dix ans, est un vrai résultat ? Nous avons suffisamment reproché à la génération précédente d’avoir tergiversé pendant vingt ans avant interdire l’amiante, reconnue cancérigène en 1977. Et nous avons tergiversé plus encore avec le tabac, à côté de quoi l’amiante est presque une plaisanterie !

Les buralistes ont manifesté mercredi devant le Sénat. On comprend leur désarroi. Un cinquième de baisse de leurs ventes, ça pèse : vous imaginez qu’on vous coupe 20 % de votre retraite ? Si, mus par le souci de l’avenir, nous avions visé l’éradication du tabac à terme, nous aurions songé aussi à celle des buralistes. Clairement, nous n’y avons pas songé, nous n’avons rien préparé. L’avenir n’a jamais été notre affaire.


Pas besoin d’être très complotiste pour voir dans la « lutte contre le tabagisme » telle que nous l’avons pratiquée une bonne excuse pour augmenter les recettes fiscales. Mais voilà que nous avons presque tué la poule aux œufs d’or. Faut-il l’achever ou la revigorer ? Nous laissons à nos enfants ce choix difficile.

vendredi 24 juillet 2015

Pas sûr que nous mourions guéris

Le LEEM a publié voici quelques jours son rapport annuel. Le LEEM, Les entreprises du médicaments, c’est le syndicat patronal des laboratoires pharmaceutiques. Il pleurniche : normal, ça fait partie du jeu. Notre génération n’a jamais aimé les laboratoires. Nous le leur avons bien montré : depuis une quinzaine d’années, à chaque fois qu’il a fallu faire des économies pour retarder l’effondrement de la sécurité sociale, nous avons tapé sur les médicaments avec des taxes, des baisses de prix et des déremboursements. En fait, la moitié des économies « sont concentrées sur le poste médicament, qui ne représente pourtant que 15 % des dépenses ».

Après tout, pourquoi pas ? Phare de la recherche médicale depuis toujours, la France possède de grands laboratoires. Ils ont les poches bien garnies. Mieux que celles des malades sans doute et mieux que celles de l’État assurément. Autant aller chercher l’argent « là où qu’elle est ».

Hélas, le raisonnement vaut pour les laboratoires aussi. S’il n’y a plus d’argent à gagner en France, ils iront le chercher ailleurs ! Plus exactement, ils vont déjà le chercher ailleurs. Ils multiplient les réductions d’emplois, leur effectif français est tombé sous les 100.000 emplois. La France continue à vendre plus de médicaments à l’étranger qu’elle n’en importe, mais le surplus dégringole : il est tombé de 9 milliards d’euros en 2013 à 6 milliards d’euros en 2014. Et les jeunes biologistes de talent qui créeront les grands médicaments (et les grands laboratoires) de demain préfèrent aller s’installer dans des pays où on les laissera faire fortune. C’est humain, comment les empêcher ?

Nous pensions tailler dans nos dépenses pharmaceutiques. En réalité, nous étions en train de scier la branche pharmaceutique. Nos enfants ont de moins en moins de place pour y faire leur nid. Puisque nous aurons épuisé cette ressource, dans quelles dépenses tailleront-ils, eux ? Ma caisse de retraite a une petite idée là-dessus.
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jeudi 23 juillet 2015

Ils viendront déverser du fumier sur nos tombes

 Les grandes manifestations de paysans, ces derniers jours, l’ont bruyamment rappelé : la politique agricole commune (PAC) parvient à des résultats lamentables. Nous nous nourrissons pour pas trop cher, peut-être, mais en obligeant les agriculteurs à brutaliser la nature. Sans en vivre convenablement pour autant.

Cette politique poursuivie assidûment par notre génération depuis un quart de siècle mène régulièrement à des flambées de colère agricole. Cette fois-ci, elle arrive clairement au bout de ses conséquences. La prochaine étape sera la disparition de pans entiers de l’agriculture française. Ridicule et désastreux.

Chacun voit que le système appelle une révision drastique. Stéphane Le Foll s’est contenté d’annoncer des aides financières aux paysans. Notre génération s’efforce de gagner encore ou trois ans avant que le système ne craque. Les deux ou trois ans nécessaire pour que nous soyons presque tous partis en retraite. À nos enfants de se débrouiller ensuite.

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mardi 21 juillet 2015

Prêts à casser votre pipe ? Cinq, quatre, trois, deux, un…

Nous, sexagénaires, nous n’aimons pas l’idée d’être vieux. Nous devrions nous en réjouir au contraire ! Le programme du Conseil national de la Résistance, texte fondateur de la vie politique contemporaine, prévoir une « retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leur vie ». C’est parce que nous sommes officiellement vieux que nous avons droit à la retraite (voir Ils viendront cracher sur nos tombes, p. 32 et suivantes).

Mais déjà les chercheurs rôdent autour de nos corps déglingués. Pauline Fréour a récemment commenté dans Le Figaro un article publié par Serguei Scherbov et al. Dans PlosOne. « Les auteurs suggèrent de fixer l’entrée dans le grand âge en fonction du temps moyen qu’il reste à vivre aux individus », note-t-elle. Ce compte à rebours fait frémir. Que se passera-t-il si l’on dépasse le point zéro ? Si certains de nous s'accrochent trop à la vie, je soupçonne que nos enfants seront ravis de supprimer le versement de leur pension.

lundi 20 juillet 2015

El Macron nous crache dessus depuis Madrid

Qu’est-ce qu’il a à venir nous faire la leçon du haut de ses 37 ans, ce jeunot de Macron ? Interviewé l’autre jour par le quotidien espagnol El Pais, il a dit tout le bien qu’il pensait de l’œuvre de notre génération, en particulier en matière européenne. « Depuis le non français et hollandais à la constitution européenne il y a dix ans, il n’y a pas eu de progrès significatif dans l’Union européenne. La crise grecque est le symptôme d’un problème beaucoup plus profond. […] On n’a pas créé les mécanismes de solidarité qui doivent accompagner une zone monétaire. »

La critique du ministre de l’Économie est spécialement vicelarde : elle rappelle tout à la fois (1) que notre génération démocratique qui avait tenu à faire valider la constitution par le peuple s’est assise sur le résultat du référendum et (2) qu’au-delà de cette transgression démocratique, nous avons été incapables de suivre la logique du choix que nous avions imposé au peuple.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !
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samedi 18 juillet 2015

L’affaire Uber : vieux contre jeunes

Les taxis ont eu (pour l’instant) la peau d’Uber POP. Le service de transport partagé est pour eux un concurrent illégitime. Ils défendent leur casse-croûte, clairement menacé par l’uberisation. Une vieille profession, sur le dos de laquelle l’État a accumulé les charges est secouée par une jeune technologie sans contraintes, on comprend qu’elle n’aime pas ça. Uber POP disparu, le calme est revenu, et le calme on aime ça.

Qui donc s’est interrogé au passage sur les clients d’Uber POP ? Un sondage CSA a révélé en novembre dernier que plus on est jeune, plus on y songe. À la question « Avez-vous eu recours à ce type de services pour vos déplacements au cours des 12 derniers mois ? », 9 % seulement des 50-64 ans et 11 % des 65 ans et plus répondaient « oui », contre 36 % des 18-24 ans. La disparition d’Uber POP est un peu une victoire des vieux contre les jeunes.

vendredi 17 juillet 2015

Les Grecs veulent l’euro, l’argent de l’euro et le sourire de la Chancelière

Ils me font bien rire, ces gens qui s’indignent parce que l’Eurogroupe exige de la Grèce des mesures d’austérité sans respecter la volonté exprimée par le peuple grec lors du référendum de l’autre dimanche. Eh ! la réponse était un peu téléphonée, quand même. On a demandé aux Grecs s’ils voulaient l’argent sans les contraintes : le plus étonnant, c’est qu’ils n’aient pas répondu « non » à 100 %.

Mais au fait, pourquoi ne réclame-t-il pas qu'on pose aussi la question aux Français ? Les hommes politiques baby-boomers, François Hollande et Nicolas Sarkozy en tête, avaient applaudi en 2005 à l’annonce d’un référendum français sur la constitution européenne. Pourquoi ne demandent-ils pas aujourd’hui au peuple s’il est prêt à aider la Grèce ? Il sent le pâté, le peuple ? Et si son avis compte pour du beurre, pourquoi celui du peuple grec vaudrait-il davantage ?

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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mercredi 15 juillet 2015

Ils crachent déjà sur la tombe des Guignols

Les Guignols de l’info ont failli disparaître, et ça n’est probablement que partie remise. Toute la classe politique s’en est offusquée. Bizarre ! Les hommes politiques devraient détester les Guignols, non ? Eh ! bien non, assure Gaspard Koenig dans une tribune bien envoyée de L’Opinion. Pour lui, les célèbres marionnettes sont « des retraités qui ressuscitent des ancêtres à l’attention des seniors », « de sympathiques pantins humanisant ceux qui depuis trente ans ont ruiné la France », autrement dit, le reflet de notre génération.

Et en effet, qui a volé au secours des Guignols de Canal+, sinon des baby-boomers, attachés à leur fausse remise en cause de notre vie politique ? Les Guignols moquent gentiment les hommes et s’inclinent bien bas devant les idées reçues. Il n’y a rien de plus réel que les Guignols, ce ne sont pas des caricatures, ce sont nos portraits, frappants de ressemblance. Ils représentent bien notre génération post-soixante-huitarde pour laquelle les sarcasmes sont devenus un réflexe bourgeois.

« La levée de boucliers en faveur des Guignols, c’est le réflexe de survie d’une génération, la génération du JT de 20 heures et de PPDA », insiste cruellement Gaspard Koenig, né en 1982 et président de Génération libre – un nom qui, en creux, fait de nous la génération serve.

mardi 14 juillet 2015

Le Tour de France baby-boosté

Le Tour de France file vers Paris. Il nous épate tous les jours. Quand nous étions jeunes, le Tour roulait moins vite. Depuis une vingtaine d’années – depuis que notre génération occupe les postes à responsabilité dans les fédérations sportives, chez les sponsors et parmi les entraîneurs – les cyclistes ont accompli des progrès… surnaturels.

Ce sont nos enfants ou nos petits-enfants qui pédalent. Leur corps n’est pas foncièrement différent du nôtre à leur âge. Que leur avons-nous apporté qui leur a permis de pédaler plus vite, plus fort, plus haut ? Une partie de la réponse n’est sûrement pas jolie à voir.

dimanche 12 juillet 2015

La crise grecque pourrait faire entrer la crise de génération dans les urnes françaises cet automne

La crise grecque va à la rencontre d’une crise de génération. Quelles seront les répercussions de cette crise pour les prochaines élections régionales françaises ? a demandé Le Figaro à un spécialiste des sondages, Jérôme Sainte-Marie.

« Les retraités craignent toute remise en cause de la monnaie unique, tant ils sentent que le système dont ils dépendent est devenu fragile », a répondu le sondeur. En revanche, « les actifs, et surtout ceux qui entrent sur le marché du travail, sont plus sensibles au manque de croissance dans la zone euro. »

Comment les politiques se positionnent-ils face à ce fossé des générations ? Eh ! bien, ils « se préoccupent surtout des intérêts des gros bataillons de votants que forment les seniors, même s’ils ne comptent pas leurs paroles généreuses pour la jeunesse. » L’argent pour nous, des mots pour nos enfants ! Et là-dessus, les partis politiques traditionnels semblent assez d’accord. « Je partage le point de vue de monsieur Hollande et de monsieur Valls », a déclaré Nicolas Sarkozy au journal de TF1 mercredi soir.

Aux élections régionales de cet automne, le clivage gauche/droite traditionnel pourrait donc commencer à s’effacer devant un clivage vieux/jeunes de plus en plus inéluctable. « Cette crise pourrait bien renforcer la prévention des retraités à l’égard du vote FN », note Jérôme Sainte-Marie. Ce dont on déduit « en creux » qu’elle pourrait bien aussi renforcer la propension des jeunes actifs à voter Front national. Or la nature est ainsi faite que les effectifs de notre génération de baby-boomers iront en se réduisant d’élection en élection… 

vendredi 10 juillet 2015

Les droits de l’enfant, lourde obligation pour nos enfants, frustrations pour ceux des autres

Notre génération a adhéré avec enthousiasme à la Convention internationale des droits de l’enfant, entrée en vigueur le 1er janvier 1990. Parvenus aux affaires, nous l’avons appliquée avec conviction. Et maintenant que nous passons la main, la génération suivante constate que nous lui avons légué un sacré problème.

La Convention oblige les États à protéger tous les mineurs en danger qui se trouvent sur son territoire. Dit comme ça, le principe est d’une évidente humanité. Dit autrement, il signifie aussi que tout mineur qui parvient à entrer sur le territoire français est censé être nourri, logé, blanchi et éduqué par le gouvernement français. Cela peut sembler alléchant pour un ado qui en a plein le dos de sa famille. Ou pour une famille qui en a plein le dos de son ado…

Résultat : les mineurs étrangers affluent en France. On en dénombrait au moins 7.600 en 2014. Le Journal CNRS a mis en lumière récemment les effets délétères de cette évolution sur le système lui-même. Celui-ci fonctionne à présent dans une ambiance de suspicion, car on s’est aperçu que ces « mineurs » ne l’étaient pas tous.

Les jeunes qui entreprennent de s’infiltrer sur le territoire français depuis le Maghreb ou l’Afrique noire s’exposent à des épreuves et à des dangers terribles ‑ violence, exploitation, prostitution… « Ce sont aussi des jeunes du monde, qui ont les mêmes envies que tous les adolescents de la planète… La paire de baskets qu’ils voient sur les photos envoyées par les copains arrivés en Europe en fait partie » note un psychologue cité par Le Journal CNRS. Nos bonnes intentions poussent sur les routes hasardeuses des milliers de jeunes… qui une fois chez nous seront frustrés de ne pas y trouver ce qu’ils avaient cru comprendre que nous leur promettions.

jeudi 9 juillet 2015

Le bac, victoire à la Pyrrhus des baby-boomers


Un domaine dans lequel notre génération a réussi ? Facile : le bac ! La proportion des jeunes Français qui obtiennent le bac a fortement augmenté depuis que notre génération est arrivée aux postes à responsabilité dans l’Éducation nationale, dans le courant des années 1980. Elle a encore fait un bond en avant depuis que nous occupons les postes de direction, c’est-à-dire depuis le tournant du millénaire.

Cette évolution est clairement mise en lumière par un récent article du JDD. Elle se traduit aussi dans la multiplication des mentions. « Statiquement il était plus difficile d’obtenir une mention bien en 1967 qu’une mention très bien aujourd’hui », note le JDDMaintenant, c’est un succès quantitatif...

 Sur le plan qualitatif, les avis sont au moins partagés... Et puis, on parle de quantité de personnes, pas forcément de quantité de savoir : collectivement, les 75 % de jeunes Français qui obtiennent le baccalauréat aujourd’hui en savent-ils davantage que les 30 % qui l’obtenaient en 1985 ? Va donc savoir !

mercredi 8 juillet 2015

Les actifs pauvres feront de riches héritiers

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) examine aujourd’hui un rapport qui ne rendra notre génération plus sympathique aux yeux des suivantes. Il révèle que le patrimoine des retraités est bien supérieur à celui des actifs. Leur patrimoine financier est supérieur de 70 %, leur patrimoine immobilier de 20 %. Ils sont aussi beaucoup moins endettés.

Normal ? Bien sûr, les vieux ont eu le temps d’accumuler davantage de biens que les jeunes. Mais pas tous les vieux. « La génération des baby-boomers a été particulièrement privilégiée », note Vincent Touzé, un économiste interrogé par Le Figaro. « mais si vous regardez la génération de retraités ayant vécu la guerre, vous remarquerez que leurs patrimoines sont généralement moins élevés que les baby-boomers.» Nous sommes une génération de privilégiés !

Les jeunes générations sont plus frappées que nous par le chômage : elles ne parviennent pas à épargner autant. Et la flambée de l’immobilier depuis un quart de siècle augmente la valeur de nos biens tout en rendant plus difficile l’achat d’un logement pour les jeunes. Ce que raconte le rapport du COR, donc, c’est que pour atteindre le même niveau de patrimoine que nous, nos enfants ne pourront compter que sur leur héritage. Ils vont être impatients de cracher sur nos tombes.

mardi 7 juillet 2015

Avec L’Hermione, nous sommes bons imitateurs – mais qu’aurons-nous créé ?

Non, tout n’est pas négatif dans l’œuvre de notre génération, depuis vingt ans qu’elle occupe tout ou partie du pouvoir en France. La reconstitution de L’Hermione, la frégate de La Fayette, est une belle réalisation. C’est l’œuvre d’une association présidée par l’écrivain Erik Orsenna puis par Benedict Donnelly, baby-boomers nés respectivement en 1947 et en 1949.

Bon, il faut quand même relativiser. Les principales chevilles ouvrières de cette grande œuvre étaient d’avant le baby-boom, comme Jean-Louis Frot et le charpentier de marine malouin Raymond Labbé, ou d’après le baby-boom, comme Emmanuel de Fontainieu. Et puis, il a quand même fallu vingt ans pour construire le navire là où onze mois avaient suffi au 18e siècle. Mais, contrairement aux New-yorkais qui l’ont accueillie sans empressement, n’allons pas bouder cette œuvre superbe.

Qui soulève quand même une question : les plus beaux succès de notre génération sont-ils dans l’imitation de nos ancêtres ? Qu’avons-nous donc créé que nos descendants voudront reproduire dans deux siècles ?
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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !

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lundi 6 juillet 2015

Moins d’allocs pour les bébés d’aujourd’hui que pour les nôtres

Depuis mercredi, les allocations familiales ont baissé pour des millions de familles. Elles sont à présent inégalitaires : le gouvernement tourne le dos à un principe hérité de la Libération. Mais après tout, la génération du baby-boom elle-même est héritée de la Libération…


Pourquoi moduler (à la baisse…) les allocs ? Parce que certaines familles sont plus aisées que d’autres. D’accord, mais pourquoi s’aperçoit-on aujourd’hui de cette réalité multiséculaire ? Serait-ce parce que les baby-boomers n’ont presque plus d’enfants à charge aujourd’hui ? Ce qui est sûr, c’est que ce sont nos enfants qui supporteront ce rétrécissement d’un avantage dont notre génération a bénéficié à plein.

samedi 4 juillet 2015

Pourquoi on se fait suer en ville

Passionnant entretien avec Erwan Cordeau dans Terra Eco mardi dernier. L’urbaniste explique comment fonctionnent les « îlots de chaleur urbains » qui nous valent de crever de chaud en ville ces jours-ci. Les villes sont mal construites. « Il y a eu un vrai décrochage dans l’après-guerre. C’était l’époque du baby boom : la quantité importait plus que la qualité. Les architectes n’accordaient plus autant d’importance au bioclimatisme. Nous avons voulu des villes qui ne tenaient pas compte de l’environnement. Résultat : on a trop chaud. »

Nous autres baby-boomers ne sommes pas vraiment en cause : nos pères ont voulu bien faire en nous logeant dare-dare. Nous avons découvert trop tard pourquoi nos villes étaient plus chaudes que nos campagnes, à cause de ces fichus îlots de chaleur. La canicule de 2003 a fait progresser nos connaissances d’un coup.

« Construire de grands immeubles de bureaux – entièrement vitrés – peut être considéré comme une aberration », note ainsi Erwan Cordeau. « On l’a fait car on savait qu’on allait pouvoir recourir à la climatisation. Aujourd’hui, on se rend compte que cette climatisation rejette de la chaleur en ville. » Tiens donc ! Rejeter la chaleur de l’intérieur des locaux vers l’extérieur, c’est le principe même de la clim’. Avons-nous cessé pour autant de construire de grands immeubles de bureaux vitrés après 2003 ?

Il existe des moyens de lutte contre les canicules urbaines en jouant sur les plantations, les matériaux, les couleurs des bâtiments, etc. Comme dans pratiquement tous les autres domaines, nous avons laissé à nos successeurs le soin de faire l’effort.

vendredi 3 juillet 2015

Les maçons suisses veulent monter d’un étage leur échafaudage social


Grande manifestation nationale des ouvriers suisses du bâtiment à Zurich samedi dernier. Il s’agissait de défendre leurs « acquis sociaux », entre autres la retraite à 60 ans. Elle est en vigueur depuis dix ans. Pile-poil depuis que la génération du baby-boom a commencé à passer le cap de la soixantaine, tiens, tiens, quelle coïncidence. Et maintenant que les derniers des baby-boomers sont en train de devenir sexagénaires, le patronat veut remonter l’âge de la retraite.


Pas question ! disent les syndicats, qui sont à présent peuplés de nos enfants. La jeune génération, quel toupet, veut bénéficier des mêmes avantages que ses aînés ! Elle veut partir en retraite tôt. Et n’envisage pas pour autant de supporter des cotisations plus élevées. Nos enfants suivent l’exemple de leur parents : ils veulent rejeter la charge sur la génération suivante. Nos petits-enfants aussi viendront cracher sur nos tombes.

jeudi 2 juillet 2015

Les journaux télévisés d’une génération cupide et parano

Dans son dernier numéro (n° 38), le bulletin statistique de l’Institut national de l’audiovisuel INA stat revient sur vingt ans de journaux télévisés, leurs thèmes, les personnalités qu’on y voit. Les Faits de société et l’International dominent le palmarès d’un bout à l’autre de la période 1995-2015. L’arrivée aux affaires de notre génération n’aurait donc rien changé ?

Si. Deux rubriques ont gagné beaucoup de place pendant ces vingt années. L’Économie : « explose avec la crise des ‘subprimes’ en 2008 et depuis reste dans le peloton de tête des rubriques », note l’INA. Quant à la rubrique Catastrophes, elle a « plus que triplé sur la période, passant de 811 sujets en 1995 à 2522 en 2014 ». Loin derrière, l’Environnement, les Faits divers et la Santé augmentent tandis que les Sciences et techniques reculent. 

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Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com nous invite à une réflexion sur nos œuvres. La nostalgie n’est pas ce que nous aimerions qu’elle fût !
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mercredi 1 juillet 2015

Nos maires paniers percés

Les baby-boomers étaient très majoritaires parmi les maires élus en 2008 (et le restent, avec de plus vieux encore, puisque l’âge médian des maires élus en 2014 était de 59 ans et 10 mois).
Home’N’Go, un jeune spécialiste français de l’immobilier, s’est penché sur les données des services fiscaux, des départements et de l’Insee pour calculer l’évolution des impôts locaux depuis dix ans. De son étude très fouillée, publiée voici quelques semaines, il ressort qu’en 2013, les impôts locaux ont rapporté aux collectivités 69 % de plus qu'en 2004 !

Franchement, qui a l’impression que sa commune s’est améliorée de presque 70 % en dix ans ? Notre génération n’a pas hésité à pressurer les contribuables, mais elle n’a pas fait un usage bien remarquable de l’argent ainsi soustrait aux citoyens.

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