vendredi 24 juillet 2015

Pas sûr que nous mourions guéris

Le LEEM a publié voici quelques jours son rapport annuel. Le LEEM, Les entreprises du médicaments, c’est le syndicat patronal des laboratoires pharmaceutiques. Il pleurniche : normal, ça fait partie du jeu. Notre génération n’a jamais aimé les laboratoires. Nous le leur avons bien montré : depuis une quinzaine d’années, à chaque fois qu’il a fallu faire des économies pour retarder l’effondrement de la sécurité sociale, nous avons tapé sur les médicaments avec des taxes, des baisses de prix et des déremboursements. En fait, la moitié des économies « sont concentrées sur le poste médicament, qui ne représente pourtant que 15 % des dépenses ».

Après tout, pourquoi pas ? Phare de la recherche médicale depuis toujours, la France possède de grands laboratoires. Ils ont les poches bien garnies. Mieux que celles des malades sans doute et mieux que celles de l’État assurément. Autant aller chercher l’argent « là où qu’elle est ».

Hélas, le raisonnement vaut pour les laboratoires aussi. S’il n’y a plus d’argent à gagner en France, ils iront le chercher ailleurs ! Plus exactement, ils vont déjà le chercher ailleurs. Ils multiplient les réductions d’emplois, leur effectif français est tombé sous les 100.000 emplois. La France continue à vendre plus de médicaments à l’étranger qu’elle n’en importe, mais le surplus dégringole : il est tombé de 9 milliards d’euros en 2013 à 6 milliards d’euros en 2014. Et les jeunes biologistes de talent qui créeront les grands médicaments (et les grands laboratoires) de demain préfèrent aller s’installer dans des pays où on les laissera faire fortune. C’est humain, comment les empêcher ?

Nous pensions tailler dans nos dépenses pharmaceutiques. En réalité, nous étions en train de scier la branche pharmaceutique. Nos enfants ont de moins en moins de place pour y faire leur nid. Puisque nous aurons épuisé cette ressource, dans quelles dépenses tailleront-ils, eux ? Ma caisse de retraite a une petite idée là-dessus.
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