Le LEEM
a publié voici quelques jours son rapport annuel.
Le LEEM, Les entreprises du médicaments, c’est le syndicat patronal des
laboratoires pharmaceutiques. Il pleurniche : normal, ça fait partie du
jeu. Notre génération n’a jamais aimé les laboratoires. Nous le leur avons bien
montré : depuis une quinzaine d’années, à chaque fois qu’il a fallu faire
des économies pour retarder l’effondrement de la sécurité sociale, nous avons
tapé sur les médicaments avec des taxes, des baisses de prix et des
déremboursements. En fait, la moitié des économies « sont concentrées
sur le poste médicament, qui ne représente pourtant que 15 % des
dépenses ».
Après
tout, pourquoi pas ? Phare de la recherche médicale depuis toujours, la
France possède de grands laboratoires. Ils ont les poches bien garnies. Mieux
que celles des malades sans doute et mieux que celles de l’État assurément.
Autant aller chercher l’argent « là où qu’elle est ».
Hélas,
le raisonnement vaut pour les laboratoires aussi. S’il n’y a plus d’argent à
gagner en France, ils iront le chercher ailleurs ! Plus exactement, ils
vont déjà le chercher ailleurs. Ils multiplient les réductions d’emplois, leur
effectif français est tombé sous les 100.000 emplois. La France continue à vendre
plus de médicaments à l’étranger qu’elle n’en importe, mais le surplus
dégringole : il est tombé de 9 milliards d’euros en 2013 à 6 milliards
d’euros en 2014. Et les jeunes biologistes de talent qui créeront les grands
médicaments (et les grands laboratoires) de demain préfèrent aller s’installer
dans des pays où on les laissera faire fortune. C’est humain, comment les
empêcher ?
Nous pensions tailler dans nos dépenses pharmaceutiques. En réalité, nous étions en train de scier la branche pharmaceutique. Nos enfants ont de moins en moins de place pour y faire leur nid. Puisque nous aurons épuisé cette ressource, dans quelles dépenses tailleront-ils, eux ? Ma caisse de retraite a une petite idée là-dessus.
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