Notre
génération se pense (et vote) comme une génération de gauche. Et elle se
comporte en génération libérale. Nous avons proclamé en mai 1968 que nous
voulions « jouir sans entraves » : en voilà de l’ultra-libéralisme.
Liberté d’avorter et liberté d’avoir un enfant, quitte à le faire faire par
quelqu’un d’autre, liberté de se marier avec quelqu’un du même sexe et liberté
de divorcer sur un claquement des doigts, liberté d’aller et de venir, fût-ce
en polluant les cieux, liberté de ne pas être privé de liberté en cas d’infraction
à la loi… Mais nous sommes quand même une génération de gauche dans la mesure
où nous voudrions que l’État finance ces libertés (liberté individuelle pour
les migrants de s’installer où ils veulent, mais obligation collective pour le
pays d’accueil de pourvoir à leurs besoins…).
Cette
contradiction intrinsèque, cette énorme faille intérieure que nous n’avons
jamais voulu voir, Emmanuel Macron la voit et le dit. Il ne crache pas encore
sur nos tombes, mais il crache déjà sur nos illusions.
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