lundi 5 octobre 2015

Emmanuel Macron et les habits neufs des baby-boomers

« Le libéralisme est une valeur de gauche » : depuis quelques jours, la petite phrase du ministre de l’Économie fait grand bruit. Fallait-il qu’elle en fît ? Emmanuel Macron est le jeunot qui dit la vérité qu’il voit parce qu’il n’appartient pas à une génération qui ne voit plus ce qu’elle fait.

Notre génération se pense (et vote) comme une génération de gauche. Et elle se comporte en génération libérale. Nous avons proclamé en mai 1968 que nous voulions « jouir sans entraves » : en voilà de l’ultra-libéralisme. Liberté d’avorter et liberté d’avoir un enfant, quitte à le faire faire par quelqu’un d’autre, liberté de se marier avec quelqu’un du même sexe et liberté de divorcer sur un claquement des doigts, liberté d’aller et de venir, fût-ce en polluant les cieux, liberté de ne pas être privé de liberté en cas d’infraction à la loi… Mais nous sommes quand même une génération de gauche dans la mesure où nous voudrions que l’État finance ces libertés (liberté individuelle pour les migrants de s’installer où ils veulent, mais obligation collective pour le pays d’accueil de pourvoir à leurs besoins…).

Cette contradiction intrinsèque, cette énorme faille intérieure que nous n’avons jamais voulu voir, Emmanuel Macron la voit et le dit. Il ne crache pas encore sur nos tombes, mais il crache déjà sur nos illusions.

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