dimanche 1 mars 2015

Les Enfoirés ont pris un coup de vieux


Ils viendront cracher sur nos tombes, mais ils commencent déjà à cracher sur notre outre-tombe. L’immense web-tollé déclenché par le dernier clip des Restos du cœur a de quoi susciter quelque effroi. Les ados se sont enflammés contre les Enfoirés.

Objet du litige : un répons où alternent deux chœurs antagonistes, l’un de jeunes, l’autre d’artistes connus, parfois rassis.

‑ Vous aviez tout, paix, liberté plein emploi, nous c’est chômage, violence et sida, chantent les jeunes. Des portes closes et des nuages sombres, c’est notre héritage, notre horizon, le futur et le passé nous encombrent.
‑ Mais vous avez toute la vie, c’est une chance inouïe, répondent les vieux.
‑ Toute la vie, c’est des mots, ça veut rien dire.
‑ Tout ce qu’on a il a fallu le gagner. À vous de jouer. Mais faudrait vous bouger.
‑ Vous avez raté, dépensé, pollué…

Depuis lors, ça buzze, ça buzze ! La nouvelle génération reproche aux Enfoirés leur égocentrisme, leur irréalisme et leur arrogance anti-jeunes. Jean-Jacques Goldman, auteur de la chanson, est même sorti de son silence pour tenter de la défendre : « Les Enfoirés jouent le rôle des adultes qui leur répondent comme trop souvent : en se dédouanant et avec mauvaise foi, mais en espérant qu'ils feront mieux. Le fait que la jeunesse nous demande des comptes me semble la moindre des choses. »

Le malentendu est manifeste. Les Enfoirés sont depuis 1986 une institution typique de la génération du baby-boom ; Jean-Jacques Goldman est né en 1951. Il y a un second degré dans l’hymne des Enfoirés. Un second degré qui renvoie aux valeurs de notre génération. Les jeunes y entendent aussi un second degré. Mais c’est le leur, radicalement différent. Un fossé culturel s’est creusé entre générations. Il se refermera une fois la dernière pelletée de terre jetée sur nos dépouilles.

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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com (166 pages, 12 €) dresse un tableau consternant de nos œuvres.
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