Ils viendront cracher sur nos tombes, mais ils commencent
déjà à cracher sur notre outre-tombe. L’immense web-tollé déclenché par le
dernier clip des Restos du cœur a de quoi susciter quelque effroi. Les ados
se sont enflammés contre les Enfoirés.
Objet du litige : un répons où alternent deux chœurs
antagonistes, l’un de jeunes, l’autre d’artistes connus, parfois rassis.
‑ Vous aviez tout, paix, liberté plein emploi, nous c’est
chômage, violence et sida, chantent les jeunes. Des portes closes et des
nuages sombres, c’est notre héritage, notre horizon, le futur et le passé nous
encombrent.
‑ Mais vous avez toute la vie, c’est une chance inouïe,
répondent les vieux.
‑ Toute la vie, c’est des mots, ça veut rien dire.
‑ Tout ce qu’on a il a fallu le gagner. À vous de jouer.
Mais faudrait vous bouger.
‑ Vous avez raté, dépensé, pollué…
Depuis lors, ça buzze, ça buzze ! La nouvelle
génération reproche aux Enfoirés leur égocentrisme, leur irréalisme et leur
arrogance anti-jeunes. Jean-Jacques
Goldman, auteur de la chanson, est même sorti de son silence pour tenter de la
défendre : « Les Enfoirés jouent le rôle des adultes qui leur
répondent comme trop souvent : en se dédouanant et avec mauvaise foi, mais en
espérant qu'ils feront mieux. Le fait que la jeunesse nous demande des comptes
me semble la moindre des choses. »
Le malentendu est manifeste. Les Enfoirés sont depuis 1986
une institution typique de la génération du baby-boom ; Jean-Jacques
Goldman est né en 1951. Il y a un second degré dans l’hymne des Enfoirés. Un
second degré qui renvoie aux valeurs de notre génération. Les jeunes y
entendent aussi un second degré. Mais c’est le leur, radicalement différent. Un
fossé culturel s’est creusé entre générations. Il se refermera une fois la
dernière pelletée de terre jetée sur nos dépouilles.
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Pamphlet interdit aux moins de 60 ans
Nous autres, enfants gâtés du baby-boom et éternels ados de mai 68, nous avons mangé notre pain blanc et nous mangeons à présent celui de nos enfants. Démographie, économie, fiscalité, urbanisme, éducation, sécurité, énergie, immigration… : nous avons presque tout raté. Et le plus souvent, nous avions toutes les informations en main pour savoir que ça allait rater : nous sommes allés dans le mur en klaxonnant. Ce pamphlet qui vient de paraître chez Chapitre.com (166 pages, 12 €) dresse un tableau consternant de nos œuvres.
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